Monsieur

De Rohena Gera (Ind-Fr, 1h39) avec Tillotama Shome, Vivek Gomber, Geetanjali Kulkarni…


Jeune entrepreneur issu d'une bonne famille de Mumbai, Ashwin vit en célibataire posé et mélancolique, son intendance assurée par la très efficace Ratna, la non moins jeune villageoise dévouée à son service. Séparés par leur naissance, pourraient-ils se rapprocher ?

Non, il ne s'agit pas d'une banale réactualisation de Cendrillon translatée en Asie, mais d'une chronique de l'Inde d'aujourd'hui, pays complexe et composite où les verrous sociaux sont encore nombreux, dans le regard des uns ou la tête des autres… Heureusement, certains rompent dans ce conte d'émancipation : le village de Ratna n'est ainsi jamais montré comme zone de régression, pas plus que la ville n'est idéalisée en lieu d'affranchissement. Et le progressisme d'une nouvelle génération masculine doit battre en brèche plusieurs siècles d'immobilisme pour faire changer les mentalités.

Sans doute que ce film donne une vision idyllique, ou très optimiste, d'un pays encore patriarcal, où subsistent des règles de dot, les mariages arrangés et d'où parviennent encore d'abominables récits d'agressions commises contre les femmes. Il est toutefois signifiant qu'une cinéaste porte un tel discours positif. À mettre en regard avec Les Lauriers-roses rouges (2016), très intéressant également dans sa manière d'évoquer la situation des femmes d'un sous-continent en mutation galopante (notamment urbanistique), piégées par les traditions et la vie domestique.


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