Main tendue à Villeurbanne

S'engager ? Pourquoi ? Au profit de qui ? Le Rize observe, à travers des documents d'archives, comment les Villeurbannais se sont mobilisés pour des grandes causes nationales ou des aménagements locaux de territoires dans une expo impensable à Lyon.


S'il est difficile d'imaginer que Lyon décline la même expo sur les engagements ramenés à son périmètre, c'est aussi qu'historiquement, nous rappelle le panneau introductif au Rize, « Villeurbanne est devenue au XVIIIe siècle un espace refuge pour les groupes marginalisés, réprimés à Lyon ». La Ville résiste aux assauts d'annexion en 1856, 1857, 1860 et 1874. L'ancienne commune ne cède pas comme la Guillotière, la Croix-Rousse ou Vaise, abandonnant juste le parc de la Tête d'Or.

Forte de cette autonomie portée par le député Francis de Pressensé, Villeurbanne se constitue un terreau résistant. Après une séquence explicative (et longue à lire), l'exposition Engagements !? laisse place à un espace immersif circulaire tatoué des mots liberté-égalité-fraternité dans lequel il est possible de rester longtemps, tant il y a à écouter et à voir (des affiches) - on peut même prolonger à domicile avec la lecture de la vingtaine de fiches A4 recto-verso explorant toutes ces luttes.

Tracts

Ainsi, pêle-mêle, il est question du réseau Marco-Polo (qui dès novembre 1942 sauve des enfants juifs puis œuvre dans le renseignement), ou encore de la défense du parc de la Feyssine dans les années 80 et de l'histoire du CCO créé en 1963. Avec des documents d'archives (anciens cahiers d'écoliers, affiches, appels à manifestations, journaux d'occupation d'usines, de comité de quartier...), se dessine aussi la carte d'une ville profondément laïque qui, en 1928, met sur pied grâce au maire Lazare Goujon une école populaire sportive pour contrer les écoles catholiques. Du combat local au plus international, les citoyens défendent aussi les droits des autres comme en témoigne une affiche de 1937 sur « le sauvetage des petits enfants espagnols ».

L'engagement n'est pas une notion du passé : l'expo invite les visiteurs à punaiser leur définition de ce terme, raconter le leur pour que la parole circule encore et toujours. Politique, forcément politique, cette exposition n'est cependant pas à la botte de la mairie actuelle qui ne fanfaronne pas sur l'accueil massif qu'elle fait des migrants, notamment ceux expulsés de l'esplanade Mandela de la Part-Dieu l'an dernier...

Engagements !?
Au Rize jusqu'au 28 septembre


<< article précédent
Cinéma : Quoi de 2019 ?