L'Incroyable histoire du Facteur Cheval

de Nils Tavernier (Fr, 1h45) avec Jacques Gamblin, Laetitia Casta, Bernard Le Coq…


Drôme, XIXe siècle. Maladivement réservé et mutique, le facteur Cheval effraie bon nombre des villageois qu'il croise durant sa tournée. Sauf la belle Philomène, qu'il va épouser. Pour leur fille Alice, il va entreprendre la construction d'une œuvre spontanée et insensée : un palais idéal.

À partir des bribes de témoignages et de rares documents d'époque (dont le fameux cahier autographe de Joseph-Ferdinand Cheval), Nils Tavernier dresse son portrait du mystérieux architecte naïf autodidacte, postulant à demi-mots que son aversion pour les rapports humains relevait peut-être d'un trouble du spectre de l'autisme. Obstiné, raide dans son col et sa souffrance, Gamblin s'accapare ce personnage s'exprimant davantage par ses doigts bandés et ses monosyllabes soufflées sous ses volumineuses moustaches : le moindre de ses tressaillements est signifiant. De fait, sa construction de Cheval s'avère tout aussi fascinante que l'histoire de l'édification de son palais, qui elle répond à des impératifs narratifs plus classiques, scandée de drames et de deuils ayant marqué le bâtisseur, comme autant de malédictions sournoises renforçant sa détermination.

Par-delà les lignes et l'histoire, comment justement ne pas être étranglé par la tragédie du fils de Cheval, cet enfant d'un père obnubilé par ses passions abstraites et son grand œuvre, parvenant sur le tard à nouer avec ce démiurge fantastique un dialogue intime grâce au médium artistique ? Toutes ressemblances…

 


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