À toi de jouer

La belote, les mots croisés, les Lego, Minecraft, les osselets, le poker, la politique, le PMU, la bourse, le football, World of Warcraft, le Monopoly, la marelle, le loto, les déguisements, les échecs, le Scrabble, Mario, Cluedo, Uno, les cadavres exquis et les jeux de mots… Qu'est-ce que le jeu, si ce n'est un espace de liberté ? 


Que nous raconte La Bonne paye de ce qu'est une vie normale et réussie ? Que nous dit Sim City du modèle souhaitable pour une ville ? Après la Seconde Guerre mondiale, l'industrie allemande du jeu de société a collectivement fait le choix de ne plus produire de jeux de guerre. Dans la famille des mancalas, qui inclut l'awalé, on joue à se partager des récoltes. L'objectif est bien d'en obtenir le plus, mais si vous amenez votre adversaire à la famine, c'est vous qui perdez… Aujourd'hui, un éditeur de la région a revisité le Jeu des 7 familles pour qu'il soit en adéquation avec la variété des modèles familiaux contemporains : familles monoparentales, recomposées, adoptions, couples homosexuels, etc. Oui, le jeu est un objet culturel qui véhicule des valeurs, un reflet de la société qui les a produites… ou pas.

Axé sur le jeu libre et gratuit, le propos de cette exposition s'articule autour de plusieurs grandes questions : pourquoi on a envie de jouer, comment les jeux s'inventent et se transmettent, et quelles en sont quelques-unes des pratiques d'aujourd'hui. L'ensemble des bibliothèques du réseau de la BML et 17 bibliothèques de la Métropole proposent de nombreux rendez-vous pour partager le plaisir du jeu mais aussi pour le penser, comme autant de bonus, de variantes et d'extensions.

Le cas du Monopoly

Le Monopoly était à l'origine un jeu anti-capitaliste. L'inventrice de la version originale, Landlord's Game, voulait faire prendre conscience aux gens que la propriété terrienne était quelque chose dont tout le monde avait le droit de jouir. Elizabeth Magie défendait la notion développée par l'économiste américain Henry George dans son livre Progress and Poverty : « les hommes ont un droit égal à utiliser la terre de la même manière qu'ils ont un droit égal à respirer l'air - c'est un droit proclamé par le simple fait qu'ils existent ».

Ainsi, l'ancêtre du Monopoly contient deux règles du jeu. Une version “Prosperity” où chaque joueur gagnait des points dès qu'un autre achetait une nouvelle portion de terre et tout le monde sortait vainqueur. Et une version “Monopolist” où les joueurs avaient pour but d'acquérir un maximum de terres et de faire payer les autres joueurs. Il n'y avait qu'un seul vainqueur, qui gagnait lorsque tous les autres avaient fait faillite. Son objectif : la prise de conscience des conséquences néfastes du système de possession de la terre, qui enrichissait les plus riches et appauvrissait les plus pauvres. Mais quand la société Parker Brothers rachète le brevet de Magie et ressort le jeu en 1935, il n'y a plus qu'une seule règle, celle du monopole. Le seul but devient celui que l'on connaît aujourd'hui : s'enrichir et écraser ses adversaires pour atteindre le sommet.

Pourquoi quoi ?

L'exposition aborde également les passionnants “pourquoi” : pourquoi on joue ? Pourquoi s'adonner à cette activité fictive, oisive, qui ne semble rien apporter de concret à la vraie vie ? Pourquoi les jeux pédagogiques nous attirent beaucoup moins que les jeux “improductifs”, alors même que le jeu est un moyen d'apprentissage universel que nous connaissons tous ? Pourquoi sommes-nous plus heureux dans un jeu que dans la vraie vie ?

Plusieurs motivations et impulsions sont décryptées et nous plongent dans le fonctionnement de notre psyché en formant quelques grandes familles de jeux. On joue pour faire semblant quand on se déguise, lors des jeux de rôle ou dans les Sims. Avec les jeux de combat, de stratégie, d'affrontement, on joue pour gagner. Les jeux de vitesse, d'urgence, d'équilibre font appel à notre impulsion du vertige. On joue pour se confronter au hasard avec la loterie, le casino, les dés… Enfin on joue pour atteindre le flow : terme introduit par le psychologue hongrois Mihaly Csikszentmihalyi, c'est une notion philosophique autour de l'état mental du bonheur. Tout un programme !

Si tu joues, tant mieux !
À la Bibliothèque Municipale de la Part-Dieu jusqu'au 16 mars

Tu joues ou tu joues pas ?
Programme d'animations dans les bibliothèques de Lyon et de la Métropole


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De nouveaux noms pour Nuits de Fourvière