Wardi

De Mats Grorud (Nor-Fr-Suè, 1h20) avec les voix (v.f.) de Pauline Ziade, Aïssa Maïga, Saïd Amadis…


Jeune Palestinienne vivant dans le camp libanais de Bourj el-Barajneh, Wardi reçoit de son arrière-grand-père la clef de la maison que celui-ci avait dû quitter en 1948, lors de la création de l'État d'Israël. Interrogeant sa famille, Wardi recompose l'histoire de sa famille, et son exil… 

C'est à un exercice peu banal que Mats Grorud s'est ici livré : évoquer la Nakba (c'est-à-dire, du point de vue des Palestiniens, la “Catastrophe“) sous forme d'une semi-fiction animée alternant de minutieuses séquences avec des marionnettes en stop motion et d'autres au dessin volontairement naïf. Son récit raconte comment chaque génération, au fil des chaos de l'Histoire (1967, 1982…) s'est heurtée à l'impossibilité de retourner vivre en Galilée, transformant la solution provisoire de Bourj el-Barajneh en une cité en dur ; une sorte de Babel de bric et de broc où s'entassent enfants et parents, survolée par une soldatesque à la gâchette légère. Et où fatalement fermente le ressentiment. Que l'idéal des accords d'Oslo ou du Pays-à-deux-États semble plombé lorsque l'on découvre ce film !

Éclairant sur le passé, ouvert sur l'avenir, Wardi est un film-témoignage comme l'était Valse avec Bachir, auquel il offre un contrechamp et un précieux complément. Comme Ari Folman, Mats Grorud rappelle des faits historiques et leurs conséquences contemporaines ; comme Folman, Grorud risque pourtant d'être suspecté d'arrières-pensées coupables… par un public refusant de voir son film. Pourtant, Folman et Grorud interrogent plus le bien-fondé de la guerre qu'ils ne l'alimentent.


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