Jusqu'ici tout va bien

De Mohamed Hamidi (Fr,  1h30) avec Gilles Lellouche, Malik Bentalha, Sabrina Ouazani…


Fred Bartel a jadis faussement domicilié son entreprise de com' en zone franche pour éviter taxes et impôts. Le fisc l'ayant rattrapé, il doit soit s'acquitter d'une lourde amende, soit déménager sa boîte à La Courneuve. Ce qu'il fait avec ses salariés. À chacun de s'acclimater…

Vingt-cinq ans après La Haine, au prologue duquel il fait explicitement référence par son titre, ce nouveau “film sur la banlieue“ laisse pantois. Car s'il prétend raconter le bilan “globalement positif“ d'une implantation dans des « territoires perdus de la République » et une osmose réussie entre bobo de souche et jeunes-des-cités, Jusqu'ici tout va bien ne franchit pas tout à fait le Périph' : son esprit reste ailleurs, dans les quartiers dorés. Et son angélisme de façade, irréel, est bien incapable de réduire la moindre fracture.

En alignant plus de clichés qu'une planche-contact, Mohamed Hamidi les dénonce moins qu'il ne les perpétue. Trop lisse — sans doute pour cadrer avec la promesse d'une comédie — le film s'encombre de gadgets scénaristiques éculés (du style “enfant du divorce se réconciliant avec papa grâce aux difficultés d'icelui“) et s'effondre dans une happy-end précipitée, oubliant des personnages au bord du chemin. Kheiron allait plus loin dans Mauvaises herbes, sur un sujet « "au-delà du Périph'" voisin. Dommage pour les excellents Sabrina Ouazani et Karim Belkhadra.


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