James Ivory, l'edwardien à l'écran d'argent


À l'aube de sa décennie, le festival du cinéma queer de Lyon monte en gamme en accueillant un vénérable pan de l'Histoire du 7e art, James Ivory. Peintre assidu des mœurs britanniques et de l'époque edwardienne, adaptateur régulier de Forster ou d'Henry James, le cinéaste étasunien en a exploré les moindres recoins — flirtant parfois avec la redite, voire l'auto-caricature — dans une œuvre marquée par son goût pour les grandes passions entravées par le conformisme social, son idéalisation de l'Italie et de la jeunesse. De Maurice (photo) à Call me by your name (dont il a signé le scénario, et qui lui a valu un Oscar), en passant par Chambre avec vue, Ivory est devenu l'un des plus féconds créateurs d'icônes — pour ne pas dire de mèmes — romantico-gays contemporains. On s'étonne encore que le Tadzio de Mort à Venise lui ait échappé ! Écrans Mixtes lui consacre donc une rétrospective en huit films, où flottera fatalement l'esprit de Ismail Merchant, son défunt alter ego et compagnon.

Outre cette visite de prestige, le festival comptera pour invitée Marie Losier, qui vient présenter ses deux documentaires The Ballad of Genesis and Lady Jaye et Cassandro The Exotico! ainsi que neuf de ses courts (on frise l'intégrale), mais aussi un généreux lot d'inédits et d'avant-premières, dont Boys Erased du comédien Joel Edgerton, portant sur les thérapies de conversion (rappelant en cela Come As You are), Coming Out de Denis Parrot (en sa présence), Vita & Virginia de Chanya Button ou Les Crevettes pailletées en clôture. Enfin, il convient de souligner la très importante Carte blanche à la Cinémathèque de Toulouse et aux classiques, plongeant dans le répertoire pour programmer Un compagnon de longue date de Norman René (1989), l'une des premières fictions à avoir fait partager l'inquiétude et les incertitudes d'un groupe d'amis gays au moment de l'apparition du sida.

Écrans Mixtes
Dans 21 lieux de Lyon et de la Métropole du 6 au 14 mars


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