Il faut toujours se méfier des terribles Maruflans

Il faut surveiller de près les éditions 2024, basées à Strasbourg : elles ont le don de mettre en lumière des albums magnifiques et de propulser la bande dessinée dans une nouvelle sphère, comme l'illustre ce fort réussi Boule de Feu.


Du côté des éditions 2024 (où l'on avait déjà repéré un certain Simon Roussin), l'on ne se contente pas de publier de magnifiques ouvrages en grand format qui tiennent autant du livre d'art que de la bande dessinée : l'on provoque aussi les rencontres, parfois, et celle initiée ici entre Anouk Ricard et Étienne Chaize, deux auteurs lyonnais, est tout simplement rayonnante. Déjà, car elle est rare : ce sont deux dessinateurs qui ont œuvré ensemble, et non pas comme c'est l'usage dans le medium BD un scénariste avec un dessinateur. Ensuite, car le résultat est éblouissant : l'élaboration des paysages et le fort contraste avec les personnages est particulièrement réussi, et surtout le travail sur la lumière, magistral, évoque le souvenir de certaines grandes œuvres picturales de la Renaissance...

Fantasy, mais low

C'est Étienne qui a commencé par peindre les décors, élaborer les cadrages, avant qu'Anouk n'intègre ses drôles de personnages enfantins au sein d'une intrigue élaborée à deux. Les allers/retours incessants ont fabriqué une œuvre nouvelle, s'intégrant dans l'univers de la fantasy : une boule de feu alimentant la barrière magique perd de sa puissance, et seul l'exilé lointain qu'est le Sage Patrix peut sauver le village des terribles Maruflans, tel est le pitch... C'est drôle, inventif et cet album réalisé au fil de dix-huit mois régale, entre le côté parodique des dialogues d'Anouk (qui ne connaît rien à la fantasy) et la profondeur des décors d'Étienne (qui s'y connaît un peu plus en fantastique, on lui doit en solo le tout aussi magnifique Helios aux mêmes éditions 2024). Conseillé.

Anouk Ricard & Étienne Chaize, Boule de Feu (éditions 2024)
À la librairie Expérience le vendredi 1er mars de 15h30 à 19h
 (+ B-Gnet)


<< article précédent
Le cœur a ses réseaux (sociaux)… : "Celle que vous croyez"