Soi-disant libres et égaux

Avec sa valise, Anne de Boissy trimbale ce spectacle modeste et important qui inverse le rapport à la migration. Accueillie par Pôle en scène, c'est au lycée Jean-Paul Sartre de Bron à la mi-journée qu'elle vous attend un vendredi. Allez-y !


« S'il y avait la guerre aujourd'hui en France, où iriez-vous ? » Janne Teller, quinquagénaire aujourd'hui, pose ainsi à un Français de quatorze ans, la question qu'elle a dans un premier temps énoncée à son pays, le Danemark. Partout où désormais ce spectacle est joué et traduit, c'est la nation hôte qui reçoit de pleine face cette interrogation. Imaginons, nous dit-elle encore, que notre pays bascule dans le totalitarisme et qu'il veuille prendre le contrôle d'une Union Européenne en échec. Il faut faire alors faire une demande d'asile au monde arabe, « le seul qui offre une possibilité d'avenir », et débarquer dans un camp en Égypte. Il n'y a rien à faire et déjà des tensions se font jour entre ressortissants européens. Il va falloir déjouer une langue inconnue, s'habituer à la pauvreté et vendre des gâteaux dans les rues quand ses parents (ministre et profs) l'ont habitué à une vie plus huppée.

Il y a quelque chose de pourri...

Anne de Boissy, compagnonne de longue date du NTH8 notamment, s'empare avec sa rigueur habituelle et une profonde empathie de ce texte clair, nécessaire dans une époque si trouble où toute parole se vaut. Assise à un bureau, elle parle en son nom, celui d'une fille de réfugiés austro-allemands. Didactique, cette proposition de 45 minutes pour ados du metteur en scène Nicolas Ramond l'est et c'est toute sa force. À l'aide de quelques documents (articles de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, carte des flux de population...), le personnage renverse notre vision de l'accueil et la détresse des migrants. Cet objet-là n'est pas seulement artistique – quoique portés par des artistes dont le talent n'est plus à démontrer – il est un maillon de la connaissance et de la prise de conscience à l'égard de cette question majeure. Sur les places publiques, dans les établissements scolaires, les bibliothèques, Guerre... se promène. Il faut aller à sa rencontre.

Guerre et si ça nous arrivait ?
Au lycée Jean-Paul Sartre de Bron le vendredi 8 mars à 12h30


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Isadora Duncan, corsetée