Les Nuits de Fourvière se font jour : la programmation dévoilée

Ça y est, comme disait le poète quelque chose vient de tomber et, bonne nouvelle, c'est la programmation - complète ! - des Nuits de Fourvière. Théâtre musical, opéra, danse, musiques en tous genres, entre habitués, légendes vivantes et grandes premières, la coupe estivale du Théâtre Antique est presque pleine, elle n'attend plus que son public du 1er juin au 31 juillet.


Attendue comme la fumée blanche du Vatican et généralement précédée de quelques confidences en avant-première quand ce n'est pas, parfois, de fuites Internet, c'est toujours à la veille du printemps que tombe la foisonnante programmation des Nuits de Fourvière. Qui, comme chaque année, pousse le spectateur amateur de théâtre musical, de danse, de cirque d'opéra ou de musique(s) en tous genres à dégainer son calendrier pour y cocher scrupuleusement les dates fatidiques à retenir et/ou à se jeter sur la billetterie en ligne, avide de nouveauté ou impatient de retrouver des artistes fidèles au festival.

Des chevaux et des chiens

Parmi ces fidèles justement, on retrouvera du côté des arts vivants la troupe équestre de Zingaro, délocalisée au Parc de Parilly du 14 juin au 24 juillet (ce qui laisse de la marge pour assister à la chose) avec le spectacle d'ascète et sans humain Ex Anima. Mais également Les Chiens de Navarre, au Radiant-Bellevue du 22 au 26 juin, pour une création baptisée provisoirement, Tout le monde ne peut pas être orphelin. Parmi les autres événements délocalisés, il faudra noter Les Plutériens au Théâtre de la Renaissance du 13 au 15 juin par Guillaume Bailliart et l'ARFI, le Platonov de Tchekhov monté, à l'ENSATT, du 26 au 29 juin, par l'une des metteuses en scène les plus intéressantes de sa génération Lorraine de Sagazan. Elle était déjà venue présenter le diptyque Démons et Maison de poupée en 2007.

Toujours dans cette école nationale, les Comp. Marius présentent l'atelier-spectacle des élèves de 3e année: Coupe royale (du 24 juin au 6 juillet) d'après les tragédies shakespeariennes des rois. Reste à savoir si, comme pour tous les travaux foncièrement chaleureux, il y aura des entractes-repas. Avant cela, du 1er au 3 juin, le festival s'ouvre au Grand Théâtre sur la première française du Livre de la Jungle mis en scène par Robert Wilson, sur une musique – c'est l'une des curiosités de l'œuvre, de Coco Rosie, avant que L'Orestie vue par Georges Lavaudant n'ouvre les festivités du côté de l'Odéon du 5 au 8 juin.

Pockemon, Requiem et Barbe Bleue

Côté danse, une autre première française le vendredi 14 juin au Grand Théâtre avec Pure Dance et pile un mois plus tard, jour de fête nationale, les 20 ans du Pockemon Crew, collectif de danse hip-hop qu'on ne présente plus tant il a contribué à faire de Lyon une place forte de la discipline, et dont cet anniversaire ne rajeunit personne.

Les amateurs de cirque se dirigeront eux vers Requiem par le délicat Yoann Bourgeois associé à l'Insula Orchestra (direction musicale de Laurence Equilbey) dont ce sera la première mondiale le 10 juin et donc la deuxième le 11. Par ailleurs, la mécanique ultra rodée du Cirque Eloize se posera dans le grand amphithéâtre avec la première française de Hôtel du 17 au 22 juin. Pour Lexicon, hommage à la naissance de cet art circassien, présenté par la compagnie galloise NoFit State Circus, il faudra s'exiler, entre le 28 juin et le 14 juillet, vers un lieu de retraite habituel des Nuits : le Parc de Lacroix-Laval. Quant à l'opéra Barbe Bleue d'Offenbach, mis en scène par "le" spécialiste du maître, Laurent Pelly il sera retransmis en vidéo depuis l'enceinte même de l'Opéra de Lyon, le 29 juin.

Légendes et Top 50

Ceci étant posé, il faut bien reconnaître que l'un des gros morceaux des Nuits réside dans sa programmation musique(s) brassant tous les genres, des musiques actuelles à la chanson, en passant par le jazz, la soul ou tout ce qui pourrait se ranger sous le terme réducteur de world music ou de sono mondiale.

Si chaque concert est en soi un événement, il en est quelques uns qu'il faut faire sortir un peu du lot. Telle la venue du monument rock-dance indé New Order, le 28 juin, le double plateau progressif aménagé pour deux légendes du genre le 2 juillet, King Crimson d'un côté, Magma de l'autre, un événement auquel on peut accoler la venue de Nick Mason de Pink Floyd le 21 juillet. À cela on peut ajouter la venue pour une nuit soul de la grande Mavis Staples, figure de proue des mythiques Staples Singers, en compagnie de l'immense Don Bryant.

Et dans de tous autres genres de nostalgie, celles de Sting (17 juillet), Roger Hodgson (ex-Supertramp, 22 juillet), ou, pour les années Top 50, de Tears for Fears (18 juillet) et du groupe de l'ancien ministre australien de l'Écologie Midnight Oil (9 juillet) qui nous montrerons respectivement que « tout le monde veut (toujours) diriger le monde » et que les lits n'ont pas fini de brûler. Et donc que rien n'a changé dans ce bas-monde, depuis l'ère Marc Toesca.

Au rayon rock indé, le plateau se défend avec le quasi éternel retour de Damon Albarn, le 15 juillet, de nouveau à la tête de son super groupe The Good, The Bad & The Queen (avec Paul Simonon du Clash, le roi du beat de l'afrobeat Tony Allen, et l'ex-The Verve Simon Tong) ; un pétaradant plateau Interpol / Idles (la nouvelle coqueluche du rock anglais) le 1er juillet, la grande Cat Power précédée sur scène du classieux Bertrand Belin mais aussi d'Howe Gelb & Giant Sand (5 juillet) ; une triple rafale de talents très indé et très incontournables réunissant le prince du cool Mac de Marco, les vibrionnants Parquet Courts et la vibrante Aldous Harding – trois concerts, trois ambiances, donc en ce 10 juillet ; et enfin une soirée qui s'annonce d'ores et déjà merveilleuse, celle du 16 juillet, avec le petit génie du Wisconsin Bon Iver.

Made in France et reste du monde

Côté français, c'est à Fourvière que Zazie ouvrira sa tournée le 24 juin quand l'habitué de la maison, M, s'offrira une triple dose de Grand Théâtre avec son nouveau spectacle les 25, 26 et 27 juin. Les amateurs de variété pourront également venir applaudir, les 3 et 4 juillet, Vanessa Paradis qui viendra présenter son dernier album, Les Sources, dont une poignée de titres est signée par ce  trésor musical lyonnais qu'est Fabio Viscogliosi. La génération montante sera fièrement représentée, elle, par deux phénomènes de ces deux dernières années : Eddy de Pretto (24 juillet) et les deux petite fiancées des Victoires de la Musique 2019, Jeanne Added (la veille, 23 juillet) et Clara Luciani le 28. Troisnoms auquel il convient d'ajouter le duo de cousins électro The Blaze, le 25 juillet.

Le "reste" du monde et ses musiques, ne sera bien sûr pas en reste avec notamment Les Salons de Musiques des Nuits qui investiront la salle Molière et dont beaucoup tourneront autour de l'accordéon (MacGowan & Munelly, le 2 juillet, Raul Barboza & Chango Spasiuk le 4, un hommage à Emile Vacher, l'inventeur du musette le 6, et le Pari des bretelles le 7, auxquels il faudra ajouter Mélissa Laveaux, le 3, Miramar le 5, un hommage à Leonard Cohen par l'Avalanche Quartet le 9 et le retour de l'ensemble Minisym & Dominique Ponty pour rendre à nouveau grâce à Moondog). On retrouvera également Ibrahim Maalouf et Haïdouti Orkestar le 11 juillet, Youssou N'Dour le 20 juillet ; la grande prêtresse de la musique d'inspiration celtique, la canadienne Loreena McKennit, le 29 juillet ; une soirée Cuba d'enfer, le 26 juillet, sous la houlette d'une autre diva, Omara Portuondo qui fêtera ses 89 ans cette année, preuve très vivante que la musique cubaine, la proximité avec le Buena Vista Social Club et l'ouverture à d'autres esthétiques, conservent mieux que bien. Et Dhafer Youssef et Richard Bona, le lendemain. Bien en amont, c'est l'Alsacien roi du jazz manouche Biréli Lagrène qui aura ouvert les hostilités musicales le 12 juin à l'Odéon, avant de céder sa place en ce même lieu le 23 juin au violoncelliste protée Vincent Segal, à l'origine des Salons de musique, pour les 15 ans du label No Format, grand défenseur des musiques « singulières, métissées et improvisées ». Autant de qualificatifs qui iraient d'ailleurs comme un gant à un autre chouchou des scènes de Fourvière, l'Italien Vinicio Capossela qui aura cette fois les honneurs – délocalisés là encore – de l'Opéra de Lyon et surtout de son orchestre, le 11 juillet. Tout comme Claire Diterzi aura ceux, d'honneurs, de l'orchestre du Conservatoire à Rayonnement Régional pour présenter, à l'Odéon le 30 juin, son spectacle Je garde le chien... et l'orchestre, Arthur H. ceux de l'Orchestre d'Harmonie de Bordeaux et le précieux canadien pop Patrick Watson ceux de l'ONL. Pour l'éclat final, rendez-vous le 30 juillet avec les Franglaises et le karaoké d'Arte.

Nuits de Fourvière
Du 1er juin au 31 juillet


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Ben Glassberg, premier chef invité associé de l'ONL