D'Ada à Lara, tout changea


Il fut un temps où certains magazines de jeu vidéo arboraient en pages centrales un poster de pin-up dénudée, tel une revue de charme, occultant la femme du concept de "joueuse" pour la cantonner au rôle d'atout "marketing sexy". Si elle ne jouait (soit-disant) pas, elle n'était guère mieux représentée à l'écran, le plus souvent en princesse à sauver (Super Mario Bros). Alors, développeuse... Faut pas pousser ! Et pourtant, il s'agit tout simplement là de révisionnisme : l'on sait aujourd'hui l'importance de la mathématicienne Ada Lovelace, autrice du premier programme informatique, et de quelques autres oubliées de l'Histoire. En ce moment-même, une exposition à la Gaité Lyrique à Paris explore ce thème : Computer Grrrls.

Parmi les premiers jeux à accorder une place valorisante à la femme, on note Phantasy Star (Sega, en 1987). Mais il faudra attendre Lara Croft pour que les choses changent, dans les nineties : c'est la première véritable héroïne. Et elle a failli ne jamais voir le jour, l'éditeur Eidos n'en voulant pas, persuadé de courir au bide. Elle a ouvert la voie aux personnages féminins minutieusement écrits, comme Jill Valentine dans Resident Evil, ou plus récemment Kait dans Gears 5,  suivant aussi en cela la sociologie des joueurs qui sont devenus à 50% des joueuses. Les jeux offrent de plus en plus la possibilité de choisir une héroïne ou un héros comme personnage principal (un jeu sur deux en 2017).

La féminisation des équipes de développement se poursuit en parallèle, après les pionnières Anita Sinclair, Christy Marx, Muriel Tramis (faite Chevalier de la Légion d'honneur l'an dernier) et Roberta Williams (à qui l'on doit King's Quest) dans les années 80, puis Jade Raymond (productrice de Assassin's Creed et tout juste nommée cette semaine à la tête du nouveau studio de développement de jeux vidéo de Google) et Amy Hennig (créatrice de Uncharted). Mais elles ne restent pour l'instant que 15% à œuvrer dans les studios de développement...

Source : Du faire-valoir à l'avatar (magazine The Game)


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