Le Vent de la liberté

De Michael Bully Herbig (All, 2h06) avec Friedrich Mücke, Karoline Schuch, David Kross…


1979, Allemagne de l'Est. Les membres des familles Strelzyk et Wetzel décident de passer à l'Ouest par la voie des airs grâce à un aérostat artisanal. Leur première tentative ayant échoué, les autorités sont en alerte ; ils doivent donc redoubler de prudence et de vitesse…

Il faudrait imaginer Dany Boon réalisant un film sérieux sur l'Armée des ombres pour comprendre en quoi la signature posée sur ce drame historique constitue une surprise. Jusqu'à présent en effet, Michael Bully Herbig régnait sur le box-office allemand grâce à des comédies parodiques germaniques, un genre aussi peu exportable que le surströmming suédois. En traitant cette histoire (vraie) — déjà adaptée à l'écran en 1982 par Delbert Mann — comme un thriller, en faisant de l'ado Strelzyk le héros et surtout en adoptant les bon vieux codes du classicisme à l'américaine, le comédien-réalisateur est sûr de gagner son billet pour l'international et, pourquoi pas, pour Hollywood.

Or si la situation des Republikfüchtige et des Est-Allemands en général a longtemps indifféré le spectateur, peu sensible aux tonalités gris-beige d'outre Mur, une forme d'ostalgie l'a depuis gagné ; Good Bye Lénine l'avait d'ailleurs exploitée sur un mode comique, La Révolution silencieuse visait plutôt le versant réaliste. L'instabilité géopolitique dont notre monde multipolaire souffre n'a depuis fait que la renforcer : la structure binaire de l'époque (est/ouest ; monde libre/cocos) était tout de même plus facile à saisir ! 

Alors, si cette épopée de héros volants coursés par la méchante Stasi rappelle la trépidante course-poursuite Arrête-moi si tu peux, gardons à l'esprit que la plus-value de suspense “ludique“ masque une réalité aux conséquences autrement plus tragiques qu'un échec à une partie d'escape game


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