Alex, le destin d'un roi

De Joe Cornish (G-B, 2h01) avec Louis Serkis, Tom Taylor, Rebecca Ferguson…


Élevé par une mère seule, tête de turc du collège avec son copain Bedders, Alex trouve dans un terrain vague une épée fichée dans un roc qu'il parvient à dégager. Signe qu'il est le nouveau roi désigné pour combattre l'odieuse fée Morgane, libérée de sa prison par le chaos mondial…

Comme tous les grands contes ou récits traditionnels épiques, les légendes arthuriennes sont des fils avec lesquels on peut tisser des étoffes fort dissemblables : Excalibur, Perceval le Gallois, ou Merlin l'Enchanteur, ont en effet bien peu en commun. Toute variation est sur le principe recevable si elle abrite un univers propre ou une forme suffisamment originale : voyez Alexandre Astier, qui tourne justement sa propre version grand écran de Kaamelott, où Arthur pourrait presque être considéré comme un prétexte tant l'auteur Astier imprime sa marque, son cosmos. 

Pour cet Alex-ci, la situation est hélas bien différente : nous voici face à un teenage movie façon Goonies tentant, comme jadis Le Monde de Narnia ou La Croisée des mondes, de surfer sur le succès rencontré par la fantasy avec Harry Potter ou Le Seigneur des Anneaux dans l'espoir d'accrocher les préados. Sauf que ceux-ci, vaccinés au gore depuis le berceau, réclament davantage que des combats sans fin (et sans sang) avec des faire-valoir usant des mêmes mimiques que les gosses des Petites Canailles il y a près d'un siècle. Le public plus jeune (8-9 ans) peut-il marcher ? Beaucoup d'enjeux (quête identitaire/paternelle/amoureuse) risquent de passer au-dessus de sa tête et la durée du film peut le rebuter.

Quant à l'interprète du rôle-titre, reconnaissons qu'il est moins expressif à l'écran que son caméléon de père, Andy “Gollum“ Serkis, et que son personnage se révèle plutôt banal. Fort heureusement Merlin, joué conjointement par Patrick Stewart et Angus Imrie, vient disperser un peu de magie avec sa gestuelle rappelant Micmacs à tire-larigot de Jeunet.


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La Maîtrise de l'enfer à la Renaissance