Liz et l'Oiseau bleu

De Naoko Yamada (Jap, 1h29) avec Gabriela Cartol, Teresa Sánchez…


Mizore, hautboïste timide, a toujours été fascinée par Nozomi, sa si solaire camarade flûtiste. Alors que se profile le concours musical de fin d'année, les deux lycéennes sont troublées par les résonances à leur propre relation causées par le morceau choisi, Liz & l'oiseau bleu

À l'instar de l'anamorphose grotesque chibi ou du méchant arborant un inamovible sourire sardonique, la lycéenne en uniforme et jupe courte constitue une figure classique du manga comme de l'anime : elle incarne un idéal intemporel à la fois évocateur d'une forme de nostalgie et de désir (voire davantage dans le ecchi), et permet une excellente identification du public lorsque la trame fait vibrer une corde sensible. Ce qui est le cas ici — et le sera encore prochainement dans le joli mélo Je veux manger ton pancréas de Shinichiro Ushijima (sur les écrans le 21 août), présenté en avant-première aux Rencontres de Gérardmer.

Dans cette histoire gouvernée par les non-dits d'une introvertie, les sentiments s'expriment au-delà des paroles grâce à des regards échangés ou les modulations de la musique : langage autant qu'art, elle souffre de l'altération du lien entre Mizore et Nozomi. Un malentendu (sic) en est la cause, prouvant l'interdépendance de l'une à l'autre : chacune est “l'oiseau bleu“ de l'autre, cette altérité indispensable à son existence et dont il faut cependant se défaire, au risque de l'étouffer.

Mise en abyme de l'amitié (et de l'amour), Liz et l'oiseau bleu joue également de l'imbrication des œuvres en associant trois types d'animations différentes (Masaaki Yuasa avait fait de même avec profit dans Lou et l'Île aux sirènes), qui confèrent à cette fable élégante une épaisseur et une délicatesse supplémentaires.


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