Miss Me à corps et à cri

Investir l'espace public comme on manifeste. Sans être la porte-parole de quiconque, MissMe affirme sur les murs ce qu'être une femme signifie au XXIe avec ses collages aussi enragés que clairvoyants.


Pas encore quadra, MissMe est une directrice artistique senior (!) d'agence de pub retraitée. Mais elle était devenue « esclave » de ce monde dit-elle. Elle a donc repris les commandes et contribue désormais à inventer une « contre-voie » car elle refuse d'endosser une mission. Encagoulée d'une tête de Mickey, sa figure féminine est anonyme mais pas transparente. Ses seins découverts sont anamorphosés en requins affamés et menaçants. Ce n'est toutefois pas le seul sujet – ô combien vaste ! – des femmes qui l'intéresse mais plus l'impact des diktats imposés par la publicité dans les sociétés. Elle interroge ainsi les conditions de fabrication d'objets de la vie courante comme les smartphones dans la série Buy more, fausses pubs, intimant d'acheter plus avec, derrière le slogan, les gosses qui font, au péril de leur santé, ce qui nous semble indispensable.

Vandale

À Montréal, où elle vit, La Havane, Paris, New York ou Dakar… elle essaime partout ses collages qu'elle revendique noir et blanc (« car la couleur n'est pas nécessaire au pouvoir de l'image ») et ne cesse donc de mettre en avant les opprimés comme les Nations Premières de son continent d'adoption en dessinant une statue de la Liberté (devenue Lady LIEberty) avec une coiffe d'(amer)Indienne. La tête bien faite et les pieds bien ancrés dans son époque, MissMe est une des artistes de street art qui s'appuie le plus sur son médium pour exprimer des réalités politiques. Mais au terme de street artist, elle préfère celui de artful vandal. Tout est dit.

MissMe 
Rencontre dans le cadre du festival Peinture Fraîche le mercredi 8 mai à 14h


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