1960, une banlieue cossue bruxelloise. Habitant deux propriétés mitoyennes, Alice et Céline sont mères d'enfants se fréquentant. Leur amitié se rompt lorsque Alice assiste impuissante à l'accident fatal au fils de Céline. Le deuil passé, une relation trouble se noue entre les deux voisines…
Changement de registre pour Olivier Masset-Depasse : après des réalisations sous le sceau du politique et/ou du social (le court Chambre foide, le long Illégal, le téléfilm Sanctuaire…), ce thriller psychologique se double d'un habile exercice de style tant esthétique que narratif plongeant dans les faux-semblants feutrés et l'élégance glamour de la fin des années 1950 : l'ombre de Boileau-Narcejac plane sur l'interprète d'Alice, Veerle Baertens (pourquoi les réalisateurs ne pensent pas davantage à elle ??), dont la silhouette épouse admirablement les formes de l'époque et la coiffure n'a rien à envier à Lana Turner.
Le récit pouvant à tout moment basculer du suspense hitchcockien au mélo à la Sirk, il s'avère difficile de qualifier plus précisément Duelles sans en dévoiler la fin — laquelle se révèle des plus osées pour nos temps timorés. On peut en revanche saluer la prestation plurielle des équipes technique — en particulier la superbe photo façon technicolor — et artistique. Outre les comédiennes principales, et sa fidèle Anne Coesens, Masset-Depasse a trouvé en Jules Lefebvre un jeune comédien au-delà du doué : prometteur.