Une part d'ombre

De Samuel Tilman (Bel, 1h30) avec Fabrizio Rongione, Natacha Régnier, Baptiste Lalieu…


Père et mari comblé, professeur apprécié, David peut compter sur sa bande d'amis. Du moins, c'est ce qu'il croyait : entendu comme témoin puis suspect dans une affaire de meurtre, il voit ses fidèles potes s'éloigner quand une facette de son existence qu'ils ignoraient est mise au jour…

N'y aurait-il pas comme une once d'inspiration simenonesque dans ce thriller aussi belge que l'était le créateur de Maigret ? C'est ici en effet moins l'enquête (et ses rebondissements portant sur les dessous ou les recoins de la vie de David) qui importent que l'étude psychologique des personnages — de la dynamique du groupe — et la morale que l'on peut en tirer. Une morale évidemment peu réjouissante quant à la valeur des relations humaines et le potentiel hypocrisie que chacun peut recéler.

En accentuant le plus possible la subjectivité, Tilman accroît le sentiment de malaise, voire de paranoïa, de son protagoniste admirablement servi par l'ambigu Fabrizio Rongione. Le comédien, malheureusement trop rare, dégage un je-ne-sais-quoi de trouble et d'inquiétant rendant crédible l'hypothèse de la culpabilité, alors que rien ne garantit son innocence. Étranger à tout manichéisme, Une part d'ombre explore finement les nuances du gris et trouve dans son inscription géographique au cœur des bois sombres des Vosges l'écrin approprié à l'amorçage du drame. Étrange qu'il ait fallu attendre aussi longtemps pour découvrir ce film sorti voilà un an outre-Quiévrain.


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