Venise n'est pas en Italie

De Ivan Calbérac (Fr, 1h35) avec Benoît Poelvoorde, Valérie Bonneton, Helie Thonnat…


Tout sépare Émile de Pauline, la collégienne dont il est épris : lui vit avec sa famille bohème (les Chamodot) dans une caravane ; elle réside dans la villa cossue de ses parents bourgeois. Quand elle l'invite à Venise pour l'été, Émile se réjouit… brièvement. Car ses parents veulent l'accompagner.

En adaptant ici son propre roman lointainement autobiographique (succès en librairie), déjà porté (avec autant de bonheur) par lui-même sur les planches, le sympathique Ivan Calbérac avait en théorie son film tourné d'avance — le fait d'avoir en sus la paire Poelvoorde/Bonneton parmi sa distribution constituant la cerise sur le Lido. Las ! Le réalisateur a jeté dans un grand fait-tout façon pot spaghetti les ingrédients d'une comédie familiale un peu Tuche et d'une romance d'ados un peu Boum, quelques tranches de road movie, un peu d'oignon pour faire pleurer à la fin, nappé le tout d'une sauce Roméo & Juliette. Et puis il a oublié sa gamelle sous le feu des projecteurs. Résultat ? Un bloc hybride et peu digeste, où l'on distingue trois ou quatre possibilités de films, mais où aucun ne parvient à trouver sa cohérence.

Alors bien sûr, le gag récurrent de Poelvoorde chantant — non, hurlant — au volant fonctionne, mais il ne rattrape pas les grossiers défauts de scénario ; une collection d'invraisemblances ou d'incohérences un peu scandaleuses qu'on ne listera pas. Citons malgré tout, à titre d'exemple, le fait qu'Émile trouve au début du film des dizaines de photos de Pauline sur Internet, mais qu'il déplore à la fin qu'elle ne soit pas sur les rézosocios ; ou que le père de la belle, grand chef d'orchestre international jamais chez lui, identifie instantanément le lotissement où campent les Chamodot. L'empilement des détails aberrants achève de plomber l'estomac.


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Les Nuits de Nadja #2