Greta

de Neil Jordan (É-U-Irl, int.-12ans, 1h38) avec Isabelle Huppert, Chloë Grace Moretz, Maika Monroe…


Serveuse à New York, Frances trouve un soir dans le métro un élégant sac à main. Il appartient à Greta, une excentrique vieille Française qui conquiert vite la jeune fille. Frances découvre alors combien Greta peut se montrer intrusive et inquiétante. Mais n'est-ce pas déjà trop tard ?

Depuis combien de temps n'avait-il pas été plaisant de voir Isabelle Huppert à l'écran ; c'est-à-dire appelée pour autre chose qu'un rôle lui donnant le prétexte d'être soit une victime à la passivité suspecte pour ne pas dire consentante, soit une épave bourgeoise — les deux n'étant pas incompatibles ? Neil Jordan a eu le nez creux en pensant à elle : d'ordinaire agaçantes, les minauderies de son jeu se révèlent ici franchement inquiétantes et servent à asseoir la dualité de son personnage de prédatrice : sous des dehors lisses et respectables, sans âge, Greta tient du vampire, auquel il ne faut jamais ouvrir sa porte si l'on veut s'en prémunir, mais qui ne vous lâchera pas si vous l'invitez chez vous. Jordan s'y connaît sur le sujet.

Le terme a beau paraître galvaudé, on peut parler en l'occurrence de suspense hitchcockien — même si Greta évoque autant Les Nerfs à vif que Misery ou Le Silence des Agneauxdans tout le crescendo de la tension, que viennent rehausser d'angoissantes séquences cauchemardesques ainsi qu'un (petit) doigt de gore. Délicieusement retors (en dépit d'un dénouement évident), ce thriller très new-yorkais et surtout très féminin, permet en outre à Chloë Grace Moretz de confirmer son aspiration à l'éclectisme… et ses bons choix. Quant à sa colocataire dans le film Maika Monroe, elle mérite comme son personnage d'être suivie — en tout bien tout honneur !


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