Une admirable cuisine de bistrot

L'adresse de la rentrée, c'est ce bistrot excentré cours d'Herbouville, mené par une petite troupe italiano-parisienne : Cocotte.


La rentrée serait un nouveau prétexte pour les bonnes résolutions. Comme si la nouvelle année et ses promesses intenables ne suffisaient pas. Les prescripteurs en bien-être recommandent encore simplicité et moins d'excès. Ne cédez pas : quelques bonnes adresses ont mûri dans la canicule estivale. Parmi celles-ci, Cocotte, ses plats simples (tout de même) mais bistrot (donc pas healthy), ses breuvages natures, mais vineux. Une éclaircie pour ceux et celles qui vivaient mal le retour dans le bruit et la pollution. Et pour faire oublier les détroussages de bords de mer : ici la formule déjeuner est à 18€ ; elle les vaut.

À l'origine de la bonne nouvelle ? Vertigo, qui ouvrit à la fin des années 2000 deux adresses dans le Marais, désormais bien connues des amateurs de vins naturels et de néobistroterie : Jaja et Glou. Le groupe (qui possède sept restos : ce n'est pas non plus une multinationale) mène aussi la brasserie parigote Grand Cœur en collab' avec le chef italo-argentin Mauro Colagreco, dont le resto mentonnais vient d'être élu meilleur au monde par le célèbre classement 50 Best. Chef qui se pointera ce mois-ci au Lyon Street Food Festival, parait-il par l'entremise de Julien Foin, l'un des patrons de Vertigo, qui a décidément un intérêt prononcé pour notre façon de manger.

Un vieux rade donnant sur le Rhône

Le Lyonnais, toujours méfiant, se dira : ce ne sont tout de même pas des Parisiens qui vont nous initier à la bonne chère. Ou encore : ils ont du se perdre – en effet, cours d'Herbouville. On dira plutôt qu'ils apportent un autre regard, bienvenu (on ne commençait pas un peu à tourner en rond ?). À la manœuvre on retrouve un vrai gone, Paul Lacroix, formé à la finance, reconverti au service et au vin chez Goguette (Paris XIe). Il est accompagné d'un ancien Bolognais, Massimiliano Monaco qui produisait chez Jaja une admirable cuisine de bistrot, pas plus italienne que ça. Les trois compères (Julien, Paul, et Massimiliano) sont tombés en amour, comme on dit, pour un vieux rade donnant sur le Rhône, qu'ils ont largement rénové et éclairci tout en conservant l'essentiel : le mobilier en formica. Dont un comptoir 70's produit à l'époque à Vaise. Pour l'anecdote, par le grand-père de l'excellent chef Hubert Vergoin du Substrat, qui vient manger ici tous les samedis, quand il n'est pas aux fourneaux de son nouveau resto du plateau (on en reparle bientôt).

Depuis sa toute neuve cuisine toute ouverte, Massimiliano expédie une tambouille bien dans ses baskets, c'est-à-dire à l'aise avec les fondamentaux. Pour nous ce fut au déjeuner, une toute bête salade de tomates, mozza, et jambon cuit dans un four à charbon de bois – oui, ça existe encore et offre une chaleur sèche, forte et point trop de fumée. Ensuite : sur une brillante purée de chou-fleur, un parfait pavé de merlu, cuit selon le même procédé, et courgettes sautées à l'ail et au persil. Et, enfin, une part de tarte à la rhubarbe et boule de glace amande (de Terre Adélice), vite engloutie. Quelques détails, encore, font plaisir : la formule disponible aussi le samedi midi, l'accès à la carte aussi au déjeuner, le pot de Côteaux du Lyonnais à 14 euros. Les pifs sont inspirants : Hauvette, Belluard, Pithon, Arena, à privilégier en quille (à partir de 28€), certains prix au verre pouvant faire tousser (Mâcon-Villages à 8€). On reviendra le soir, tenter la poularde rôtie de la ferme d'Alice, le bœuf du champion du monde Massot cuit à la braise, le tiramisu…

Cocotte
2 cours d'Herbouville, Lyon 4e
Tél. 04 72 98 85 03
Du mardi au samedi, midi et soir


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