Les dix rendez-vous qui vont vous faire valser

Festivals installés comme Sens Dessus Dessous ou le Moi de la Danse, chorégraphes stars tels Christian Rizzo ou Merce Cunningham, découvertes potentielles : voici les dix dates que les amateurs de danse se doivent de cocher de suite sur leur agenda.


Spirituelle

La grande chorégraphe belge Anne Teresa De Keersmaeker tisse toujours des liens singulièrement étroits entre la musique et ses chorégraphies : qu'il s'agisse de musique classique (Beethoven, Mahler...) ou plus contemporaine (Joan Baez, Steve Reich...). Créée en 2005 avec Salva Sanchis, sa pièce A Love Supreme explore l'album éponyme de John Coltrane, album mythique du Free Jazz. Chaque danseur est associé à un instrument du quatuor de Coltrane, et l'écriture précise de De Keersmaeker s'octroie ici une part de liberté et d'improvisation (à l'instar du jazz). Douze ans après, en 2017, la pièce est recréée avec quatre nouveaux interprètes et leurs nouvelles sensibilités.

A Love Supreme
À la Maison de la Danse du 1er au 3 octobre


Technique

Les pièces de Merce Cunningham sont d'une difficulté technique rare, et le Ballet de l'Opéra en compte déjà plusieurs à son répertoire. Cet automne, le Ballet présentera deux pièces du maître new-yorkais, créées à vingt ans d'intervalle : Exchange (1978) et Scenario (1997), toutes deux pour quinze interprètes. Deux opus où Cunningham, comme à l'accoutumée, joue à la fois sur les virtualités libératoires du hasard et l'extrême précision des mouvements.

Exchange + Scenario
À l'Opéra du 1er au 3 novembre


Improbable

Voilà une création (pour deux danseurs et deux musiciens) qui porte bien son nom : Magma est en effet l'agglomérat de trois artistes si différents qu'on n'aurait jamais imaginé les voir travailler ensemble. Soit : la danseuse étoile Marie-Agnès Gillot (dont le répertoire va du classique à Pina Bausch), le chorégraphe de flamenco Andrés Marin, et la figure de la non-danse et de scénographies très plastiques Christian Rizzo. Si ces trois-là se sont rencontrés c'est sans doute parce que chacun est en perpétuelle métamorphose et déplacement : Gillot avec son répertoire inclassable, Marin en s'intéressant au hip-hop, Rizzo en s'intéressant au rock et au mouvement pur.

Magma
À la Maison de la Danse les 19 et 20 décembre


Dancehall

Nouvelle édition du passionnant festival des Subsistances Le Moi de la Danse qui, à travers des soli ou des pièces plus amples, interroge la notion d'identité dans toutes ses dimensions (physique, psychologique, sociale...). Cette année, pas de star invitée, mais plusieurs jeunes chorégraphes aux créations singulières : par exemple, le solo de Youness Aboulakoul (danseur pour Christian Rizzo, Olivier Dubois...) autour de la violence, Today is a beautiful day ; et le travail de la compagnie Dikie autour de l'oppression et du soulèvement, en collaboration avec des sujets en situation de handicap, No Pasaran !. Youness Aboulakoul dansera aussi avec son frère Yassine dans une pièce du chorégraphe lyonnais Alexandre Roccoli Hadra et le festival se terminera avec une soirée festive (un dancehall jamaïcain) conçue par la chorégraphe Cecilia Bengolea en compagnie du DJ Master Will.

Le Moi de la Danse
Aux Subsistances ​du 23 janvier au 9 février 2020


Acrobate

Pur déploiement poétique et virtuose des possibilités de l'acrobatie aérienne, incroyable émanation d'une énergie collective, la pièce Il n'est pas encore minuit de la compagnie circassienne XY nous avait bluffé lors de la Biennale de la Danse 2014. Nous serons très heureux de retrouver les dix-neuf acrobates à Lyon en février prochain avec une création. Et ce, d'autant plus, que cette création a été accompagnée par le chorégraphe Rachid Ouramdane (co-directeur du CCN de Grenoble). En topologie, une bande de Möbius est un ruban qui ne possède... qu'une seule face ! Cela promet bien des configurations incroyables de la part des acrobates.

Möbius
À la Maison de la Danse du 4 au 8 février 2020


Bashung

À la fin de sa vie, Alain Bashung travaillait avec le chorégraphe Jean-Claude Gallotta sur une adaptation de L'Homme à tête de chou, l'album concept de Serge Gainsbourg. Bashung aura seulement eu le temps d'enregistrer un premier jet de sa réinterprétation du disque, singulière et émouvante. En 2009, Gallotta crée un véritable ballet endiablé sur cette bande enregistrée, déployant un univers sexe & rock'n'roll avec douze formidables danseurs. Sans s'attarder sur les subtilités des paroles, il joue la carte du mouvement et de l'énergie. Dix ans après, Gallotta reprend cette pièce qu'il transmet à douze autres danseurs.

L'Homme à tête de chou
À la Maison de la Danse 
du 11 au 14 février 2020


Shiva

Avouons-le, la danse indienne n'est pas vraiment notre tasse de thé. Mais le solo de Shantala Shivalingappa, conçu comme un portrait par Aurélien Bory, dépasse toute codification traditionnelle. La danseuse (qui a travaillé aussi avec Bartabas et Pina Bausch) y incarne le dieu de la danse et de la mort Shiva avec une précision et une poétique gestuelles exceptionnelles. Et les lumières, les dessins tracés au sol, le mur sonore amovible, font de ce solo une pièce atmosphérique parfois inquiétante, toujours envoûtante.

aSH
À la Maison de la Danse les 19 et 20 février 2020


Atypique

C'est déjà la huitième édition du passionnant festival Sens Dessous Dessus à la Maison de la Danse. Conçu par Dominique Hervieu, cet événement invite notamment des chorégraphes émergents et/ou propose des pièces atypiques. On pourra y découvrir la compagnie espagnole La Veronal qui navigue entre danse, théâtre, cinéma et arts plastiques ; Rianto, un jeune artiste javanais ; la dernière création ambitieuse du collectif (La) Horde ; le travail entre écriture et danse de Pierre Pontvianne avec David Mambouch...

Sens Dessus Dessous
À la Maison de la Danse et dans d'autres salles ​à partir du 9 mars 


Fugueuse

La Grande Fugue de Beethoven constitue le final d'un de ses derniers opus, le quatuor n°13 composé entre 1824 et 1825. Elle est considérée comme une œuvre clef de Beethoven, par sa puissance expressive et son écriture innovante. Trois chorégraphes s'en sont emparé, chacune l'intégrant à la particularité de son univers : Maguy Marin à travers le tragique de figures féminines, Anne Teresa de Keersmaeker en étudiant minutieusement les potentialités chorégraphiques de sa partition, Lucinda Childs dans l'épure et le minimalisme qui lui sont habituels. Ces trois pièces ont été transmises au Ballet de l'Opéra de Lyon qui les présentera ensemble en avril.

Trois grandes fugues
À l'Opéra du 8 au 14 avril


Jouvence

Trois chorégraphes viendront secouer un peu les habitudes du Ballet de l'Opéra de Lyon en transmettant ou créant une pièce. Le plus connu, Yuval Pick (lui-même ancien danseur du Ballet) créera une pièce dans la mouvance sans doute de son univers viscéral, puissant et exploratoire des liens complexes entre individu et collectif. Le Stéphanois Pierre Pontvianne transmettra Beasts, nouveau frottement entre la danse et les mots, sur une musique qu'il devrait composer lui-même. Et l'on pourra encore découvrir une création d'un parfait inconnu, le chorégraphe Lukas Timulak, féru de cinéma, d'arts performatifs et visuels.

À noter : Pierre Pontvianne présentera aussi une pièce récente, Mass, à la Maison de la Danse le 14 mars dans le cadre du festival Sens dessus dessous.

Au Toboggan à Décines du 28 au 30 avril


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