Une Biennale en mode XXL


Trois hangars, 29 000 m² de surface au sol : les dimensions du lieu central de la Biennale d'art contemporain 2019 sont démesurées ! À deux jours de l'ouverture, quand nous parcourons cet ancien site industriel (les usines Fagor dont l'activité de production de machines à laver s'est brutalement interrompue en 2015), nous découvrons un lieu aux multiples stigmates, ceux des différentes époques de sa mutation : le paysage industriel, les tags, la réfection minimaliste pour y accueillir des événements culturels. Le parcours du visiteur, au travers des œuvres de 56 artistes (une sélection paradoxalement plus restreinte qu'à l'accoutumée lors d'une biennale), totalisera 1, 4 kilomètres de marche. Et la découverte sera totale, car la quasi intégralité des œuvres exposées seront des créations, réalisées en tenant compte de l'histoire du lieu, des métamorphoses du quartier et du tissu associatif et technologique de la région (les productions ont souvent été réalisées avec des entreprises locales).

Singulier pluriel

Aux usines Fagor (comme au Musée d'Art Contemporain), il n'y aura nulle star ni courant artistique dominant : l'artiste la plus jeune a 26 ans (Bronwyn Katz), le plus vieux est... mort (Gustav Metzger, 1926-2017). La sélection est l'aboutissement du travail collectif des sept commissaires venus du Palais de Tokyo. Adelaïde Blanc, l'une des commissaires, explique qu'ils n'ont pas voulu « montrer une scène précise, un territoire ou une génération.

Ce que les 56 artistes partagent c'est un rapport particulier au monde contemporain, un rapport non cloisonné avec l'environnement, les flux de signes hétérogènes, les strates d'histoire...

Et cela en écho avec les nouvelles avancées en ethnologie ou en anthropologie qui remettent en question les limites entre l'humain et l'animal (entre les règnes en général), la culture et la nature, etc. ». Pour autant, nous rassure Adelaïde Blanc, les artistes ne viendront pas ici délivrer un message ou défendre une thèse, mais aborderont ces enjeux dans une approche sensible et non frontale. Le parcours sera lui-même une traversée et une mise en lien entre des œuvres, des artistes, de sensibilités très hétérogènes. Une traversée des différences que l'on attend avec impatience !

15e Biennale d'art contemporain, Là où les eaux se mêlent
Aux Usines Fagor, au Musée d'Art Contemporain et dans l'espace public ​du 18 septembre au 5 janvier 2020


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L'explosion picturale d'Esmo