Seulement deux candidats pour le Transbordeur

Dans quelques jours seront auditionnés les candidats pour la prochaine Délégation de Service Public du Transbordeur : deux dossiers ont été déposés, dont celui des sortants mené par l'actuel directeur Cyrille Bonin.


Surprise : la salle culte du Transbordeur, à Villeurbanne, n'est cette fois pas l'objet d'une lutte acharnée entre producteurs de spectacles ; seuls les sortants, emmenés par l'actuel directeur Cyrille Bonin (par ailleurs chroniqueur au Petit Bulletin), et un second candidat ont déposé leurs dossiers début juin dernier pour obtenir la DSP (délégation de service public) de la Ville de Lyon, dont l'actuelle convention prendra fin le 30 juin 2020.

Fimalac a flairé

Exit, déjà,  les figures locales : en 2010, Frédéric Gangneux (ancien programmateur de la salle) ou encore l'actuel directeur du Fil à Saint-Étienne, Thierry Pilat, avaient porté des dossiers de candidature. En 2015, trois dossiers avaient été présentés : outre le vainqueur Transmission, le producteur Les Derniers Couchés et la société Bellevue dirigée par le fondateur de la salle Victor Bosch avaient candidatés. Pour 2020, aucune de ces figures locales ni leurs successeurs ne sont venus se frotter à une équipe déjà bien en place.

Contrairement à leur habituelle boulimie d'achats de salles dans les grandes villes, à Lyon, Live Nation, AEG, Lagardère, Vivendi n'ont pas bougé le petit doigt – se réservant sans doute pour la Halle Tony Garnier, dont le dossier est encore en suspens, l'audit commandé sur le fonctionnement et l'état de la salle étant terminé mais le dossier, comme souvent ces derniers mois côté culture (Point du Jour, Villa Gillet...), attendant patiemment sur le bureau de Gérard Collomb que celui-ci donne son avis. Fimalac est l'unique gros producteur privé à s'être manifesté pour le Transbordeur et à essayer de chambouler l'écosystème local, qui reste férocément attaché à son indépendance, l'arrivée de Vivendi via une de ses filiales (OlympiaProd) au Parc OL pour le festival Felyn en juin 2020 étant pour l'instant l'unique tentative concrétisée d'implantation de l'un de ces mastodontes du divertissement. 

Effectuant une visite des lieux, se renseignant activement, Fimalac (qui détient la salle Pleyel à Paris ou le Zénith de Strasbourg) s'est donc bien positionné. Mais au dernier moment, la filiale de la holding de Marc Ladreit de Lacharrière a décidé de ne pas déposer de dossier. Selon les sources, parce la salle n'était pas suffisamment en bon état et qu'ils ne voulaient pas investir en travaux pour seulement cinq ans. D'autres affirment que n'ayant pas réussi à trouver une équipe locale acceptant de travailler pour eux, Fimalac a jeté l'éponge. Tout en restant à l'affût de ce qu'il va se passer pour la Halle Tony Garnier.

Une salle rentable

Des deux dossiers déposés, l'un est clairement identifiable puisqu'il s'agit des gagnants précédents : la société Transmission, détenue à 50% par le producteur local Eldorado, 40% par le tourneur Alias (JHD Production), 5% par l'actuel directeur Cyrille Bonin et 5% par Vincent Carry, directeur de Arty Farty. 

Le second est celui d'un entrepreneur breton dont le nom n'a pas filtré.

Les deux candidats seront auditionnés oralement durant la première quinzaine d'octobre puis la décision finale sera rendue au plus tard en janvier, pour une prise de fonction au 1er juillet 2020. 

Sous l'égide de Transmission depuis 2010, le Transbordeur est devenu depuis trois ans un lieu rentable fonctionnant sans subvention directe des collectivités publiques. En 2018, outre le loyer annuel de 15.000 euros dû à la Ville, 36.000 euros ont été reversés à la collectivité dans le cadre de la redevance indexée sur le chiffre d'affaire. Il faut signaler toutefois que l'argent public n'est pas totalement absent des ressources de la salle : la Ville, dans le cadre d'une convention, verse 89.700 euros chaque année à Transmission si certaines conditions sont respectées (programmer 90 concerts dans l'année, dont 15 de groupes locaux de musiques actuelles, et offrir quatre résidences à des artistes locaux). Somme fléchée par la suite pour les programmes gratuits French Kiss ou certains festivals organisés par des associations locales, tel ce week-end La Messe de Minuit, qui peut bénéficier de conditions d'accueil favorables. On peut relever aussi sur ce dernier quinquennat les investissements réalisés par la société sur l'espace extérieur, avec la création d'une troisième scène permettant d'accueillir les Summer Sessions.

Ce sera la dernière DSP accordée par la Ville de Lyon, avant que la Métropole ne prenne le relais en 2025 : le lieu appartient depuis le début à cette collectivité, mais du temps de son ancêtre la COURLY, qui n'était alors pas dotée de compétences culturelles, la gestion de la salle avait été déléguée à la Ville de Lyon. Avec la montée en puissance de la Métropole et le fait qu'elle a désormais d'importantes compétences en matière de culture, la prochaine DSP du Transbordeur va revêtir de nouveaux enjeux.


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Sylvain Prudhomme, guide du routard