Les Petits Maîtres du Grand hôtel

À l'Hôtel Lesdiguières de Grenoble, le personnel est composé d'élèves en formation. De poste en poste, ces jeunes employés découvrent la rigueur et les exigences des métiers du service et de l'hôtellerie. Parfois en déchantant…


Après avoir résidé au Lesdiguières,  Jacques Deschamps a eu envie de connaître les chevilles ouvrières de cet établissement d'application et de les filmer dans ce processus particulier qu'est l'apprentissage. Cette démarche exploratoire des coulisses d'une institution rappelle le cinéma de Wiseman ou de Philibert, où la caméra sait se faire oublier pour capter la parole de chacun : le voyage se révèle immersif, complice, édifiant et captivant puisqu'on en apprend autant sur les étudiants (leurs aspirations, leurs désillusions) que leur cursus.

Drôle d'idée, tout de même, d'ajouter des intermèdes musicaux chantés, et surtout de les confier à ces apprentis déjà bien embarrassés par leurs missions quotidiennes. Non qu'ils déméritent :  ils font ce qu'ils peuvent, en braves amateurs. On comprend bien l'idée de filer la métaphore en illustrant un monde de rites et de chorégraphies par une mise en scène ad hoc, et de montrer qu'en toutes choses les élèves restent des apprenants un peu gauches sur le chemin de l'excellence. Mais cette petite excentricité ressemble davantage à un caprice de cinéaste destiné à rajouter de la fraîcheur à un projet en carence (pensait-il ?) d'originalité qu'à une vraie singularité. Car la comédie musicale ne souffre guère l'à-peu-près. Quant à l'artificialité qu'elle nécessite, elle neutralise la spontanéité des phases attrapées sur le vif. Une vraie fausse bonne idée.

Les Petits Maîtres du Grand Hôtel
Un documentaire de Jacques Deschamps (Fr, 1h20)


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