Guitar héroïne


On vous a souvent entretenu dans ces pages de l'American Primitive Guitar (cette école menée par John Fahey qui mélange folk traditionnel, new age et musique indienne) et de quelques uns de ses nombreux héritiers contemporains, souvent en goguette du côté du Sonic. Or il semble bien que ce soit la première fois s'agissant d'une femme – nombreuses dans l'univers du folk, un peu moins dans celui du guitar héroisme instrumental – qui plus est de nationalité galloise. Une belle première qui a pour nom Gwenifer Raymond, brightonienne d'adoption aussi virtuose dans le fingerpicking que le bottleneck et le tapping pratiqués jusqu'au sang – comme le suggère le titre Bleeding finger blues. Avec une guitare – cette fille ferait passer la méthode Alexandre Lagoya pour la notice d'un rabot – plutôt qu'avec un banjo. Car cet American primitivisme là, s'il a traversé l'Atlantique pour les brumes britanniques, porte un regard très appuyé sur la musique des lointaines Appalaches. Comme il se doit, le résultat est sec et touffu à la fois (pas facile), habité et hypnotique. Et digne des maîtres auxquels Gwenifer, au Sonic le 26 septembre, rend hommage avec un beau Requiem for John Fahey.


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Benoît Turjman, entre les mots