Shakespeare et son genre


En cette époque pourrie au royaume de France où des étudiants réac' déplorent l'emploi de l'écriture inclusive par la direction de l'Université Lyon 2, voir ce Hamlet queer (au Nid de Poule jusqu'au 29 septembre) est forcément réjouissant. D'autant qu'une partie de l'équipe de cette compagnie ungender a passé du temps sur les bancs de cette fac. Ophélie et Hamlet sont ressuscités et, au prix d'une séquence certes trop longue et dé-rythmée, ils apparaissent tels qu'ils se ressentent : lui dans le genre féminin et elle dans le genre masculin. Ils tordent le cou à leur mort noircie et romancée à outrance.

Ophélie Gougeon et Jacquest Ernst incarnent sans pudeur ces deux héros dont ils font de façon presque trop explicite des portes-parole LGBT+. Mais les quelques griefs à l'encontre de ce travail sont peu de choses face à la sincérité de ces jeunes artistes et leur regard rassurant sur le monde. En mode cabaret, ils finissent par faire résonner Hallyday et Gall en fin de show. Le paradoxe n'est pas la moindre des qualités de ce spectacle qui est peut-être bien un hymne à la joie.


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Gwenifer Raymond, guitar héroïne