Passeport pour tous continents

À Lyon, on ne fait pas vraiment le tour du monde en musique, mais heureusement certains programmateurs et programmatrices s'y attellent avec brio. Prenez votre billet.


En dehors des Nuits de Fourvière, qui accueillent leur lot de concerts de sono mondiale et comblent un manque, il semble difficile de faire vivre certaines musiques venues d'ailleurs dans une ville où l'indie rock, le folk et les musiques électroniques ont pris le dessus, nourries par des dates toutes les semaines dans les petits lieux façonnant un public. Ainsi, les deux fils de Fela Kuti, Femi dans un petit Club Transbo l'an dernier ou l'incandescent Seun prochainement au Ninkasi (mardi 5 novembre) peinent à déplacer les foules, comme le mythique Orchestra Baobab aux Subsistances il y a quelques mois. On ne saurait trop vous conseiller pourtant de prendre vos billets pour Seun Kuti qui perpétue la vitalité de l'afrobeat nigérian inventé par son paternel avec Tony Allen, ici en compagnie de certains musiciens du groupe du papa : c'est l'un des meilleurs shows vus ces dernières années. 

Avec la fermeture définitive du 6e Continent, la ville ne comptait plus de salle prête à défendre ces esthétiques et heureusement, l'Opéra de Lyon, dans son amphi, s'y est penché sérieusement. On note qu'une résidence Black Atlantic Club menée par James Stewart s'y installe, d'abord avec The Scorpios (lire page 21), puis le Mark Ernestus' Ndagga Rythm Force le 16 novembre, improbable rencontre entre le mbalax sénégalais popularisé par Youssou Ndour et les productions épurées d'une moitié de Rhythm&Sound,

et enfin le quintet de Max Cilla le 14 décembre, génial et trop méconnu flûtiste venu de Martinique, poète de la ruralité chantant les Mornes, les montagnes de l'île, qui arpente les scènes depuis 1967 et une rencontre avec Archie Shepp.

Assurément le genre de musicien qui ne passerait dans aucune autre salle de nos contrées, si ce n'est peut-être le Musée des Confluences qui poursuit sa trop rare programmation Vibrations du Monde en conviant A Filetta (voir page 21), puis Wang Li le virtuose de la guimbarde (mercredi 30 et jeudi 31 octobre) et organise un grand bal poussière façon Burkina Faso avec Jahkasa et le Balafon Reggae Band et les dix percussionistes de Harouna Dembele et Les Parissi le jeudi 7 novembre. Enfin, on notera aussi le samedi 16 novembre la venue de la Sud-Africaine Madosini Manqina, chanteuse et joueuse de umrhumbe, l'arc xhosa, qui « engendre une technique vocale unique, particulièrement virtuose, notamment par l'utilisation d'un registre guttural extrêmement grave ».

Retour au Ninkasi le 12 octobre avec Kokoroko, autre groupe basé à Londres mais puisant son inspiration en Afrique, mené par Sheila Maurice-Grey avant une virée à l'Épicerie Moderne pour admirer l'éthio-jazz de Girma Bèyènè & Akalé Wubé le 17 octobre et l'indispensable blues touareg de Bombino le 14 novembre. Sacré voyage.


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