Jacky Schwartzmann à double tour

Alors que sort le 3 octobre son nouveau roman en solitaire, Jacky Schwartzmann vient de commettre Le Coffre, un savoureux polar à quatre mains avec son homologue roumain Lucian-Dragos Bogdan.


« Pour faire rire, il faut inventer, il faut trouver un bon mot et non répéter celui des autres. J'ai connu des types fans d'humoristes célèbres et qui étaient capables de réciter des sketchs entiers, avec les bonnes intonations, avec l'accent tonique au bon endroit et avec les grimaces executées à la perfection. Mais jamais drôles. Les Dick Rivers de la blague. » Dès la première page de Le Coffre, son co-auteur lyonnais nous livre cette profession de foi passée au filtre du narrateur, l'humour selon Jacky Schwartzmann. Ce n'est pourtant pas un traité sur le rire que nous propose l'auteur de Demain c'est loin, mais un nouveau polar. Sa particularité : dans une certaine tradition policière (Boileau-Narcejac), Le Coffre est écrit à quatre mains avec l'auteur roumain Lucian-Dragos Bogdan.

Une commande de Quais du Polar dans le cadre de l'année culturelle franco-roumaine exécutée en un temps record (trois mois douche comprise) et avec une verve toute Schwartzmannienne. L'histoire : un gendarme français et un policier roumain collaborent à distance pour résoudre la bien étrange affaire du corps d'une vieille dame roumaine retrouvé enfermé dans un coffre de voiture à... Lyon.

Drôles d'histoires drôles

Comme leurs deux héros, Schwartzmann et Bogdan ont travaillé à distance, alternant les chapitres dans un ping-pong littéraire tenant du work in progress. À la dimension sociale de son versant roumain, Schwartzmann ajoute au texte son humour dévastateur (sur lequel il reconnaît pourtant avoir mis la pédale douce) et ses idées farfelues associés à un goût certain pour le name-dropping (chaque flic ou gendarme porte un nom d'écrivain ou d'auteur : comme Joëlle Losfeld, la partenaire assignée au gendarme Gendron). Le pas de deux, publié par La Fosse aux Ours, fonctionne à merveille en se jouant des codes et clichés du polar avec un certain détachement.

Un livre récréatif pour Schwartzmann qui fonctionne comme tel, tandis que sort ce jeudi 3 octobre un autre livre de l'auteur de Saint-Priest. Rien à voir hormis un déport à l'Est. Très à l'Est même puisqu'à Pyong-Yang en Corée du Nord où Schwartzmann s'est mis en tête de courir son premier marathon pour en faire le récit forcément surréaliste. La chose s'appelle Pyong-Yang 1071, comme le numéro de dossard de cet intrépide coureur de drôles d'histoires drôles.

Le Coffre (avec Lucian-Dragos Bogdan) (La Fosse aux Ours)

Pyong-Yang 1071 (Paulsen)


La rentrée des auteurs et autrices lyonnais 

Cécile Coulon, Une bête au Paradis (L'Iconoclaste)
Coup de cœur quasi général des rédactions et des jurés de prix (elle vient de remporter le Prix Le Monde), Cécile Coulon publie à 29 ans, avec Une Bête au Paradis un septième roman en forme de violent retour inversé. Où le Paradis a les contours de l'Enfer.

Jean-Laurent Del Socorro, Je suis fille de rage (Actusf)
Auteur de science-fiction, Del Socorro nous plonge en pleine Guerre de sécession avec ce roman choral surplombé par la Mort qui visite et guide les différents protagonistes, à commencer par Abraham Lincoln lui-même.

Catherine Gucher, Et qu'importe la Révolution (Le Mot et le Reste)
Comment fait-on avec ses rêves ? C'est la question que semble poser le livre de Catherine Gucher où une femme au seuil de la vieillesse fait ressortir, à la mort de Castro, les souvenirs d'une utopie et d'un amour perdu. Quelque chose, dans l'approche de la nostalgie de l'utopie, du Land & Freedom de Ken Loach.

Hubert Mingarelli,  La Terre invisible (Buchet/Chastel)
Les dommages de la Seconde guerre mondiale, le voyage comme une errance, on retrouve dans ce nouveau roman d'Hubert Mingarelli quelques-uns des thèmes à l'œuvre dans Un repas en hiver. Un photographe de presse anglais, témoin de la libération des Camps, et son chauffeur y déambulent dans une Allemagne en ruine.

Laurence Nobécourt, Le chagrin des origines (Albin Michel)
« La voie du verbe m'a sauvé la vie » dit l'autrice en marge de ce livre présenté comme une autobiographie auscultant son lien indéfectible à l'écriture. Où comment s'apprivoiser dans l'alchimie de l'écriture.

Pierre Péju, L'Œil de la Nuit (Gallimard)
C'est à la figure d'Howard W. Frink, figure oubliée et pionnier de la psychanalyse contemporain du voyage américain de Freud que s'attaque Pierre Péju entre rales amoureux et aventures intellectuelles au cœur des années folles.

Lionel Bourg, C'est là que j'ai vécu (Quidam éditeur)

Astrid Eliard, La dernière fois que j'ai vu Adèle (Mercure de France)

Nicole Giroud, L'envol du Sari (Les Escales)

Julie Moulin, Domovoï (Alma éditeur)

Olivier Paquet, Les Machines Fantômes (L'Atalante) : lire notre portrait en page 16

Sébastien Verne, Des vies débutantes (Asphalte)


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