Mon chien Stupide

Jadis écrivain prometteur, Henri n'a rien produit de potable depuis des années. La faute en incombe, selon lui, à sa femme et ses enfants qu'il accuse de tous ses maux. Lorsqu'un énorme molosse puant et priapique débarque ex nihilo dans sa vie, il y voit un signe bénéfique du destin.


Les personnages perdant toute inhibition pour cracher une misanthropie sans filtre au monde entier emportent facilement la sympathie du public, qui aimerait bien souvent se comporter comme eux. Incorrect au plus haut degré, l'égotique Henri est de cette race d'anars domestiques en ayant soupé des convenances et du masque social ; peu lui chaut de dire ses quatre vérités à son épouse ou à sa progéniture. En cela, il évoque beaucoup le narrateur de American Beauty (1999) — dont on se demande par ricochet s'il n'a pas été inspiré par le roman posthume de John Fante que Yvan Attal adapte ici. Mais aussi cet autre écrivain obsessionnel et râleur, héros de Kennedy et moi (1999), campé par Jean-Pierre Bacri. D'ailleurs, cela peut-être l'enseignement principal de Mon chien stupide, Yvan Attal se révèle parfait pour tenir les emplois échéant habituellement à Bacri.

Cruelle et jubilatoire variation sur la crise de la cinquantaine, cet authentique film de famille joue la connivence avec le spectateur en mettant une nouvelle fois en scène le vrai couple Attal/Gainsbourg (ainsi que leur fils) dans une autofiction alimentant autant le trouble que la comédie : sur les personnages se superposent en effet immanquablement les fantômes intimes de ceux qui les interprètent. Tant qu'on n'oublie pas que l'écran n'est jamais un miroir…

Mon chien stupide
Un film de et avec Yvan Attal (Fr, 1h45) avec également Charlotte Gainsbourg, Pascale Arbillot, Éric Ruf…


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Sous le ciel de Tashkent : "Au bout du monde"