Noura rêve

Son époux incarcéré, Noura a refait sa vie avec Lassad et attend avec impatience que son divorce soit prononcé. Son mari étant libéré plus tôt que prévu, Noura doit faire profil bas pour ne pas risquer cinq ans de réclusion pour adultère, ni perdre ses enfants et son travail…


De la condition féminine dans les pays du Maghreb post Révolution de Jasmin ? Oui et non. Car si l'histoire de Noura s'inscrit dans le sillage des réalisations tunisiennes rendant compte de la difficile situation des femmes dans une société conditionnée par l‘emprise patriarcale — à l'instar de l'exemplaire La Belle et la Meute de Kaouther Ben Hania —, elle pourrait tout aussi bien (ou mal) se dérouler en France, où rappelons-le puisque cela ne semble pas beaucoup émouvoir en haut lieu, 129 femmes ont été tuées par leurs compagnons (ou ex-) depuis le début 2019. Il n'y a pas de meurtre de conjoint ou conjointe dans Noura rêve, plane toutefois en permanence une menace diffuse de violence. Verbale, psychologique et légale, elle fait de l'épouse en attente du jugement de divorce, la captive de son mari.

Hinde Boujemaa ne craint pas de montrer une société où les “arrangements“ constituent une norme (policiers brutaux et/ou ripous, médecins dont la complaisance se monnaye facilement, lingère d'hôpital prompte à trafiquer la marchandise…). Au-delà des personnages, c'est le portrait d'une fragilité globale que la cinéaste dresse : il faut du temps pour débarrasser un monde ancien de ses habitudes, et de la ténacité pour l'empêcher de revenir en force.

Noura rêve
Un film de Hinde Boujemaa (Tun-Bel-Fr, 1h30) avec Hend Sabri, Lotfi Abdelli, Hakim Boumsaoudi…


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Graine de malheur : "Little Joe"