L'Eden, enfin


Il y a 23 ans presque jour pour jour, le 19 novembre 1996, paraîssait Eden. Pour Étienne Daho une manière de complète résurrection, quelque mois après sa Réserection, dont il faut ici poser le contexte. Au sortir de Paris Ailleurs, la Dahomania flambe qui consume le chanteur.

Comme souvent, c'est à Londres qu'il part trouver jouvence, s'immergeant dans l'avant-garde locale, pas vraiment raccord, pas encore, avec ce qui se fait de l'autre côté de sa vie, à Paris. Là qu'il croise Saint Etienne, groupe gallois en vogue, dont la vigueur, accouplée à sa soif de nouveauté, accouche du jungle-pop Résérection, mini-album qui préfigure un disque, grandiose, irrigué par la même veine esthétique, mais élargie à la pop orchestrale et à la bossa.

Deux ans de travail, une fortune engloutie dans un enregistrement marathon au côté de l'alter ego Arnold Turboust, de nombreux invités, et voilà Eden, jardin originel d'une carrière à repenser sous le signe de l'exigence, fille de la rigueur et de la liberté. Ici, aucun tube comme parole d'évangile, que des fruits défendus ne manquant pas de dérouter public et critique, mais long en bouche, établissant le pilier annonciateur de la french touch, la clé de voûte d'une discographie riche de futures surprises.

Engagé depuis quelques années dans une vaste entreprise de réédition de son œuvre, Daho a logiquement gardé celle d'Eden pour la fin. À partir des bandes originales, soignées par Gildas Lointier pour avoir été abîmées par... un champignon, Daho a donc travaillé à rendre son lustre à ce disque à part, d'en exhumer les pépites semées en chemin : remixes, versions alternatives ou live, EP avec ses amis de Comateens.

Des douze morceaux originels, cette version Deluxe 2019 (disponible en CD et vinyle) en livre 52 dont 21 inédits. Eden comme une île au trésor.

Eden Deluxe remastered collection (Parlophone / Warner)


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