Chats' Beat

Rock impérieux, lyrics de crevards : les Australiens de The Chats se piquent d'ajouter un nouveau sous-genre au punk : le pub-punk, cantique express de la racaille et de la débrouille dégueulant de vitalité nécessiteuse.


On connaissait le pub-rock qui au mitan des années 70 et dans la moiteur toute british des débits de boisson maltée, entendait prendre à revers les boursouflures du rock progressif et de la scène glam. Dans le sillage de puristes nommés Nick Lowe, Ian Dury, Graham Parker et Dr Feelgood, des Elvis Costello et autres Joe Strummer firent leurs premiers pas musicaux portés par ce dogme, avant, dans un geste radical, d'allumer la mèche du météorique mouvement punk.

Il fallait bien qu'un jour le punk, émancipé, revisité, ressuscité, retourne sur les lieux de ses premiers méfaits de gloire, là où a germé sa faconde effrontée : le pub, donc. De cela, les Australiens de The Chats se sont chargés, "inventant" un pub-punk ramenant le genre sous la tireuse à bibine.

De là, les hommes d'Eamon Sandwith, plus belle frange rouquemoute du Queensland, reviennent aux sources d'un binaire hirsute arrosé d'éructations biturées à la pisse d'âne (pertinent site Web qui répond à l'adresse thechatslovebeer.com). Pour l'heure la formation australienne n'a publié, dans la plus pure tradition punk, qu'une doublette de maxis, The Chats et Get This in Ya, et une volée de singles trois-minutes-cul-sec, mais surclassent volontiers la concurrence à l'assaut de brûlots braillés de l'accent aussie plein les chicots.

Revivalisme survivaliste

Ainsi de Smoko, le titre qui a vu sa côte décoller au diapason des pâmoisons conjuguées de Josh Homme, Dave Grohl et Iggy Pop, de Bus Money (comment dilapider l'argent du bus en bières et autres produits de première nécessité : roulés à la saucisse, briquet Bic, pilules de contrebande) et Mum Stole My Darts (hymne oi, célébrant une conception très personnelle de l'esprit de famille). Mais aussi de leurs dernières éruptions : Pub Feed (manifeste de la non hygiène de vie pub-punk) et Identity Theft (pamphlet sur les e-braqueurs du Net), où la rouerie des Sex Pistols le dispute à la verve éjaculatoire des Buzzcocks.

Tout cela dans la plus pure tradition du punk chat de gouttière produit à la schlague, du garage crève la dalle à la remorque d'un quotidien à ramper dans les flaques de (dé)merde, d'une vie post-apocalyptique qui n'a pas attendu la fin du monde. Sans nul doute, derrière leur masque no-futuriste, aussi revivaliste que survivaliste, The Chats sont définitivement en avance sur leur temps. Un pied dans la tombe mais qui toujours bat la mesure.

The Chats + Crocodylus + Beaten Brats
Au Ninkasi Gerland le dimanche 24 novembre


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