Survivances des images

À l'École des Beaux-Arts, un groupe de chercheurs et d'artistes explore la consistance mémorielle et temporelle des images à travers des œuvres et des créations. Une approche singulière de la recherche.


Autour de Bernhard Rüdiger, plasticien et enseignant à l'École des Beaux-Arts de Lyon, un petit groupe de chercheurs et d'artistes travaille sur les liens entre art contemporain et temps de l'histoire. L'originalité de ce groupe est de mener ses recherches à travers des allers-retours constants entre théorie et création. La théorie insuffle des idées d'œuvres, la création fait rebondir ou se redéployer la théorie. Et depuis quelques années, le groupe produit tout à la fois des expositions (comme autant d'étapes de recherche) et des livres… Le groupe s'inscrit dans l'héritage des historiens de l'art Aby Warburg ou Georges Didi-Huberman (qui sera présent le 11 décembre à la galerie Descours pour une conférence), et de leur idée d'une survivance attenante à chaque image : une image n'est pas seulement une représentation, elle est aussi et avant tout l'entrelacs de temps anciens, un nouage de présent et de passés hétérogènes, l'éclat de fantômes et de gestes anciens…

L'actualité des chamanes

Si les expositions proposées par cette unité de recherche à l'École des Beaux-Arts ne sont pas toujours faciles d'accès ou évidentes, elles ont la qualité rare de se risquer à "penser" avec les mains si l'on peut dire, à parier sur la fertilité du faire dans un champ de recherche, et non pas seulement sur le "concevoir", le "réfléchir".

Au Réfectoire des Nonnes, les photographies ou les dessins résonnent avec différentes strates de temps (la photo d'un parc à Pristina de Maïté Marra avec les massacres de la guerre du Kosovo, par exemple), les vidéos dessinées de Sophie Lamm composent des mosaïques de différentes mémoires de l'histoire de l'ex Tchécoslovaquie après une résidence à Prague en 2019… Le long film de Louidgi Beltrame nous montre la survivance contemporaine des rituels de guérison précolombiens datant de plus de 3000 ans dans des lieux aujourd'hui clandestins au Pérou.

Pour corser le tout, chaque volet (d'une durée d'un mois) de l'exposition est construit sur la mémoire et le sol du précédent.

Inventer le lieu à son endroit !
À l'École Nationale des Beaux-Arts de Lyon ​jusqu'au 18 janvier


<< article précédent
Le Goncourt Jean-Paul Dubois à la Fête du Livre de Bron