Nuit Matrix et les Sœurs Wachowski


Plus le temps passe, plus la place de Matrix dans l'Histoire du cinéma se consolide. La chose s'avère même troublante : rares sont en effet les films à jouir d'une telle aura, intacte depuis sa sortie ; le désamour du purgatoire s'étant reporté sur ses deux suites, fatalement décevantes — mais peut-être que la nuit proposée par l'Institut Lumière permettra de réviser ce jugement ? Reprenons les choses dans l'ordre et rappelons pourquoi ce film des Wachowski s'est élevé au rang de légende.

Lorsque Matrix débarque sur les écrans, à la fin du XXe siècle et en plein frémissement millénariste, le monde oscille entre peur du bug de l'an 2000 et enthousiasme pour les promesses de l'Internet, dont la bulle gonfle démesurément les chiffres de la bourse. Alors, un film qui anticipe comme les meilleures dystopies de Philip K. Dick, une société alternative où les machines font vivre les humains (leur source d'énergie) dans un simulacre de réalité, la Matrice, ça avait de quoi interpeler. Ajoutez à cela une chorégraphie infernale dans les séquences d'action et surtout des mouvements de caméras à l'intérieur d'images fixes d'une hallucinante fluidité — dépassant ce que Michel Gondry avait esquissé dans son clip pour les Stones, Like a Rolling Stone (1995) — et vous teniez un pur objet de cinéma à l'ossature théorique joliment emballée dans un écrin plastique. Les réalisateurs montrèrent en sus par la suite leur capacité à interagir sur ce qui est donné pour définitif en entamant une démarche de transition de genre, devenant ainsi les sœurs Wachowski. C'est donc Lana Wachowski qui signera l'an prochain le 4e opus de la franchise. D'ici là, vous avez une nuit pour revoir les trois premiers et, en bonus, Speed Racer (2008), adaptation du manga de Tatsuo Yoshida. Impossible de fermer l'œil.

Nuit Matrix
À l'Institut Lumière ​le samedi 14 décembre dès 20h


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Comme de l’eau de roche : "Le Cristal magique"