Dent de lait


C'est le résultat de sa première commande publique. En 1904 à Lyon, Victor Augagneur est maire et médecin comme, un peu plus tard, son homologue Lazare Goujon à Villeurbanne ; et comme lui il est porté sur l'hygiénisme. Il faut à tout prix lutter contre les maladies qui ravagent les populations pauvres vivant dans des taudis. Avant que les quartiers des Gratte-Ciel ou des États-Unis ne voient le jour au début des années 30, c'est une vacherie municipale qui est édifiée au cœur du parc de la Tête d'Or.

Le bâtiment existe toujours à côté de la Plaine africaine, comme le rappelle Catherine Chambon  directrice du MUTG — dans l'article qu'elle consacre à ce lieu au sein du livre de l'exposition, mais plus personne ne le regarde. Déjà, on retrouve ce décroché de pignons à redents, des "pas-de-moineaux", qui sera une des marques de fabrique de l'architecte. Ici, ils sont le socle de pots de plantes, pour damer un peu le pion au béton-roi.

Quarante vaches sont abritées dans cette maison pour pourvoir aux besoins en lait des jeunes mamans défavorisées. Le liquide nourricier est retiré aux animaux, puis stérilisé sur place et acheminé le lendemain dans les huit crèches municipales. 2000 biberons de 125 grammes sont distribués chaque jour. Le lieu s'avèrera rapidement trop étroit pour fournir le lait nécessaire et sera transféré dans l'Ain, à Cibeins.

Autant pour l'architecte que pour la politique municipale, cette vacherie est un exemple de ce qui s'annonce : des bâtiments utiles au service de la population la plus défavorisée.


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