Jesus

Que de changements pour le jeune Yura ! Non seulement il a laissé Tokyo pour s'installer avec ses parents à la campagne auprès de sa grand-mère, mais en plus il commence les cours dans un collège catholique. Et là, stupeur, un Jésus en modèle réduit apparaît à ses prières et les exauce !


Le concept de l'ami imaginaire, revu et corrigé par Hiroshi Okuyama. Il y a quelques décennies, le cinéaste aurait été traité d'iconoclaste pour cette évocation d'une figure religieuse. Pourtant, son traitement n'a rien de sacrilège ni de blasphématoire : Okuyama se place à la hauteur de son petit personnage en montrant comment un enfant, sans malice aucune, compose avec de nouveaux codes cultu(r)els, pareils pour lui à de nouvelles règles du jeu.

De fait, on enseigne au solitaire Yura que Jésus est capable des miracles équivalents à des tours de magie ; le Messie lui apparaîtra donc comme un lutin folâtre venant remédier à son isolement. Si l'on met de côté ses apparitions cocasses, c'est la représentation globale du Christ que ce film interroge en parallèle : le dogme le dépeint sous une forme occidentalisée qui — les reconstitutions des historiens l'ont prouvé — n'a pas grand chose à voir avec la physionomie d'un habitant de Bethléem ! Aussi, il n'est pas incongru qu'un jeune Japonais voit en Jésus un alter ego de Gandalf, version poche.

Jesus
Un film de Hiroshi Okuyama (Jap, 1h16), avec Yura Satô, Riki Ôkuma, Hinako Saeki…


<< article précédent
L'impertinent monsieur Luchini