Intrigante et prometteuse, la séquence d'ouverture montrant le couple Balibar/Bedia se disputant en arabe devant une juge des divorces abasourdie aurait pu — dû ? — constituer l'alpha et l'oméga de cette pseudo comédie politique, mais authentique catastrophe artisanale.
Première réalisation solo de la comédienne-chanteuse intello (récemment enrubannée d'un hochet républicain, dans la même promotion que le patron de BlackRock), ce “machin“ a faux sur toute la ligne. La forme, tout d'abord : écrit et joué en dépit du bon sens, il offre à une troupe de bobos hors sol vêtu arty sexy l'occasion de glapir du cri primal dans un simulacre pathétique de Rendez-vous en terre inconnue. Le fond, ensuite. Prêchant une fraternité béate, infantilisant les administrés, le mal titré Merveilles à Montfermeil semble fustiger par le ridicule les exécutifs de gôche engagés dans un clientélisme social mâtiné de new age limite sectaire ; dommage, la Miviludes a du plomb dans l'aile. En tout cas, en recyclant ces clichés moisis, il donne des arguments à l'extrême-droite juste avant les municipales — on a vu plus judicieux, et plus drôle surtout. En fait, Jeanne Balibar aura été plus utile à la cause de Montfermeil en incarnant le bref rôle de la commissaire dans Les Misérables de Ladj Ly.
Merveilles à Montfermeil
Un film de et avec Jeanne Balibar (Fr, 1h49) avec également Emmanuelle Béart, Ramzy Bedia…