Le photographe Philippe Durand pose un regard à la fois poétique et dialectique sur le quartier de Ménilmontant à Paris, et sur la ville en général.
Enseignant à l'École des Beaux-Arts de Lyon et photographe, Phillipe Durand ( né en 1963) a déjà connu plusieurs périodes artistiques : des années 1990 où avec un petit boîtier il saisit des scènes urbaines dans l'instant sur le modèle de la street photography américaine, jusqu'à aujourd'hui où il s'interroge sur notre façon de percevoir les choses et le statut de l'image contemporaine, en passant par les années 2000 où Philippe Durand s'attarde sur des détails ou des motifs décalés du monde urbain. L'exposition qu'il présente au Bleu du Ciel synthétise d'une certaine manière l'ensemble de ces approches : ses images ressortent à la fois de promenades urbaines dans le quartier de Ménilmontant à Paris, d'une attention aux détails, et d'une résistance à la vitesse de perception des images et à leur surabondance.
Ménilmontant est tout simplement le quartier où vit Philippe Durand. Un quartier aujourd'hui en voie accélérée de gentrification, qui fut autrefois très populaire, et l'un des quartiers emblématiques de la Commune de Paris. L'ensemble du projet a été réalisé en 2015 et est le fruit de promenades de l'artiste. Grâce à un procédé de double exposition de la pellicule à la prise de vue, Philippe Durand compose des images doubles, confrontant souvent des motifs végétaux (fleurs, plantes, arbres) à des motifs plus urbains (carrosseries d'automobiles, bitume, panneaux publicitaires...). Il complexifie encore ses images en jouant avec des reflets lumineux, des ombres, des brillances... Chaque photographie s'avère être ainsi composée de strates multiples, de différentes dimensions de lecture, tout en conservant une séduction plastique immédiate. Le conflit des matériaux ou des motifs n'empêche jamais la poésie des images, ni la méditation sur les contradictions de l'univers urbain.
Philippe Durand, Ménilmontant
Au Bleu du Ciel jusqu'au 29 février