Au risque de Beethoven

Parmi les nombreux grands rendez-vous classiques de cette fin de mois janvier, le pianiste Evgeni Kissin revient à Lyon avec un programme qu'il a longtemps redouté, les sonates de Beethoven.


La fin du mois de janvier est une période de toutes les folies pour amateurs et amatrices de musique classique : le récital de Patricia Petibon à la Salle Molière, la Tosca de Puccini mise en scène par Christophe Honoré à l'Opéra, le Requiem de Mozart joué à la Chapelle de la Trinité (le 30 janvier), et trois sonates pour piano de Beethoven interprétées par la nouvelle coqueluche du public, le pianiste Evgeni Kissin (né en 1971 à Moscou, naturalisé Britannique depuis 2002). Pour lui, ce sera aussi le concert de tous les dangers tant le pianiste virtuose a repoussé, redouté, hésité à se lancer dans cette aventure, plus à l'aise avec Mozart, Chopin ou Liszt... Un répertoire redouté avec raison selon la presse spécialisée qui a pu taper un peu sur les doigts du prodige jouant Beethoven, en lui reprochant notamment ses forte péremptoires et certains accords plaqués comme s'il pressait de l'acier !

De l'audace !

Oublions donc, par exemple, l'impressionnante tension contenue d'un Daniel Barenboim interprétant la Pathétique de Beethoven, et ouvrons-nous à l'attaque plus franche et virevoltante, voire survoltée, de Kissin, qui sied par exemple si bien à certains passages de La Tempête.

Le programme chronologique du pianiste réunira à l'Auditorium les sonates dites Pathétique,  La Tempête et Waldstein, ainsi que les Variations eroica (dont le thème est repris dans le finale de la Symphonie N°3 de Beethoven, Symphonia eroica). Si nous avons personnellement toujours un faible pour la Pathétique (et son contraste si poignant entre solennité sombre et urgence à vivre), force est de constater que c'est la sonate Waldstein qui marque chez Beethoven les plus grandes audaces d'écriture pianistique : virtuosité inaccessible à l'amateur, changements spectaculaires de sonorités... Beethoven s'aventure sur des terres inconnues et des registres nouveaux. Et Kissin avec lui.

Evgeni Kissin, Récital Beethoven
À l'Auditorium le mercredi 29 janvier


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