Scandale

Patron de la très conservatrice chaîne d'infos Fox News, Roger Ailes impose à ses collaboratrices ses exigences et privautés, ainsi qu'une impitoyable loi du silence. Jusqu'à 2016, où la journaliste Gretchen Carlson, mise sur la touche, révèle ses pratiques. Peu à peu, les langues vont se délier…


L'an passé, un familier du registre comique avait signé avec Vice un portrait aussi documenté que vitriolé de l'ancien vice-président républicain Dick Cheney. Rebelote aujourd'hui avec Jay Roach, dont on se souvient qu'il fut révélé par ses séries potacho-burlesques (Austin Powers,  Mon beau-père et moi…) avant de se reconvertir dans le biopic politique. Dans Scandale, le cinéaste — qui ne peut cacher ses sympathies démocrates — monte au front pour épingler les travers de la frange la plus conservatrice de la société américaine à travers la bouche d'égout qui lui sert d'organe quasi-officiel. Au moment où le scandale éclate, nous sommes à la fois à la veille de #MeToo mais aussi (et surtout) en plein dans la campagne présidentielle qui vit Trump gagner les primaires, puis la Maison Blanche grâce au soutien du réseau médiatique de Rupert Murdoch piloté par Ailes.

Soyons honnête : alignant des tonnes de stars oscarisables (grimées en vedettes US du petit écran inconnues en France), l'affiche n'était pas très rassurante car elle laissait croire à un “coup“. Mais le rythme de ce film très au fait des arcanes politico-médiatiques et dénué de langue de bois, ainsi que son absence de complaisance, lui donnent une dimension supérieure, dépassant les coulisses de la chaîne murdochienne. Scandale parle du plafond de verre et des hypocrisies professionnelles, des tenants du pouvoir et de leurs complices objectifs, de la justice qui se règle en tirant un chèque achetant le silence. Un captivant thriller judiciaire, en somme, qui finit moins bien qu'il n'en a l'air.

Scandale
Un film de Jay Roach (É-U, 1h48) avec Charlize Theron, Nicole Kidman, Margot Robbie…


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