Complètement foot

Au milieu des hommages (à Poulidor), des films, des invités prestigieux (Platini, Killy, Luc Dardenne) et d'une thématique tournée vers l'olympisme, le toujours très éclectique Festival Sport, Littérature et Cinéma réserve la part du lion au football. Avec la promesse de nous aider à cerner notre amour de ce jeu.


Il y a cette maxime sur le football et la morale qu'énonça un jour le gardien du Racing Universitaire d'Alger, Albert Camus ; Sartre lisant L'Équipe dissimulé dans les pages du Monde ; Marguerite Duras conversant dans Libération avec un retraité nommé Platini qu'elle compare à un ange... Et quand Montherlant écrit en 1927 : « il a conquis le ballon et seul, sans se presser, il descend vers le but adverse. / Ô majesté légère, comme s'il courait dans l'ombre d'un dieu ! », il n'a jamais vu jouer Best ou Rocheteau mais à coup sûr, il parle d'eux.

De là, ce lien indéfectible du football et d'une élite culturelle qui ne l'a pas toujours assumé. Longtemps le culte du jeu et des joueurs fut réservé à la vulgarité d'un peuple célébrant ses veaux d'or dans la folie propre aux foules théorisées par Gustave Lebon. Les choses ont bien changé et sans doute le Festival Sport, Littérature et Cinéma, qui cette année encore interroge le rapport entre l'art et le sport, en est-il la preuve.

Le pied de sapiens

Pourquoi, comme le raconte Asif Kapadia dans Diego Maradona (samedi 1er février à 19h), les footballeurs sont-ils élevés au rang de divinités, au point qu'on leur voue, littéralement, un culte ? Pourquoi Michel Platini (Michel Platini, Le Libre joueur, en ouverture du festival) brille-t-il encore dans nos yeux d'enfants ? Pourquoi les femmes se sont-elles, comme dans Lionnes (jeudi 30 janvier à 18h45), emparées avec le même enthousiasme et une semblable expertise de ce jeu prétendument viril ? Pourquoi sapiens aime-t-il ce sport contre-nature, joué avec les pieds quand sa créativité passe par les mains ?

Tout cela, le journaliste Hervé Mathoux l'interroge dans son documentaire pour Canal+ C'est pas grave d'aimer le football (jeudi 30 janvier à 16h). Rapport à l'enfance et à l'idée d'infini ; attachement atavique (quand on choisit un club, c'est pour la vie) ; retour aux grands récits épiques mais aussi affrontement permanent à la frustration (« le football ce sont 22 joueurs qui essaient de faire ce qu'ils ne savent pas faire » énonce le linguiste Albrecht Sonntag), Mathoux dessine, au contact d'universitaires, de médecins et d'artistes, une esquisse de réponse. Laquelle, incomplète, compte moins, comme dans le football, que le voyage pour nous y conduire.

Festival Sport, Littérature et Cinéma
À l'Institut Lumière du mercredi 29 janvier au dimanche 2 février


<< article précédent
Overmono, le live de la jungle