Waves

Jeune espoir de la lutte, Tyler cache à son père — lui-même ancien sportif de haut niveau ayant réussi sa reconversion — la gravité de douleurs lancinantes. Son stress le plonge dans la surmédication, altère son humeur, cause sa rupture et va provoquer une cascade de drames à l'échelle familiale…


Les ambitions de Trey Edward Shults sont manifestes : illustrer la théorie des dominos en l'appliquant à une famille où la pression excessive d'un père control freak va bousiller la vie de son fiston en provoquant d'irréparables dégâts collatéraux — un indice : ça va mal se finir, et au tribunal. Mais aussi désagréger ladite famille. Au passage, le fait que celle-ci soit afro-américaine ajoute une lecture sociologique supplémentaire : la stricte méritocratie ne suffisant pas dans un contexte hyperconcurrentiel au sein d'une population où une forme de ségrégation perdure, on peut supposer que l'acharnement du père à voir son rejeton suivre scrupuleusement ses traces pour conserver son statut fraîchement acquis est lié à un complexe de classe.

Volontiers démonstratif — et surtout, répétitif — dans son arsenal stylistique multipliant panoramiques circulaires en milieu clos et effets clinquants, Shults s'offre cependant une belle séquence abstraite au mitan de son film confinant au cinéma expérimental. Un pur moment hallucinatoire faisant sens symboliquement et narrativement puisqu'il fait office de transition efficace : Waves change alors de personnage principal, afin d'observer le ressac des premières vagues. Inégal sans être déplaisant, hétérogène et un peu tape-à-l'œil.

Waves
Un film de Trey Edward Shults (É-U, 2h16) avec Kelvin Harrison Jr., Taylor Russell McKenzie, Sterling K. Brown…


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De la chouette animation : "L'Odyssée de Choum"