No future antérieur

L'Opéra Underground convie l'une des protégées de la grande maison lyonnaise à venir présenter sa fascinante mise à sac d'un des jalons du punk : le Never Mind The Bollocks des Sex Pistols.


C'est peu dire que Sarah Murcia est une musicienne tendrement couvée par un Opéra de Lyon, dont elle est, si ce n'est une pensionnaire, au moins la sociétaire symbolique. On y a vu la jeune contrebassiste dans tout un tas de configurations à même d'illustrer un éclectisme qui tient de la métamorphose perpétuelle.

Car à la manière d'une transformiste, la musicienne — très demandée — passe d'un projet à l'autre aussi facilement que l'on change de chaussettes,  c'est-à-dire à peu près sans y penser. Il n'y a qu'à jeter un coup d'œil sur le calendrier des prestations live programmées à son agenda (ici Louis Sclavis, là Beau Catcheur avec Fred Poulet, ailleurs des duos avec Kamilya Jubran ou Magic Malik ou des projets baptisés Eyeballing et My Mother is a fish).

C'est d'ailleurs avec les musiciens de ce dernier (Mark Tompkins, Benoït Delbcq, Olivier Py, Gilles Coronada et Franck Vaillant) que Sarah Murcia présente un concept surprenant : Never Mind the Future. Si le titre déclenche une alarme dans les lobes pariétal et temporal du punk que vous fûtes jadis, rien de plus normal.

Brûlots fondus

Il s'agit bien ici de se pencher sur le berceau d'une des plus viles créatures de l'Histoire du rock : les Sex Pistols et leur iconique Never Mind The Bollocks – seul vestige long format à tirer du brasier d'une carrière brûlée par les deux bouts. Mais quel vestige : une bombe à fragmentation éructante, séries de hits atrabilaires composés comme par magie par une bande de jeunes branleurs que l'idée de gloire chatouilla avant de les écorcher vifs.

À la manière dont furent reprises certaines œuvres des Stooges ou de Sun Ra par des affidés échappés d'un étroit trou de ver reliant le jazz au rock, Murcia et ses acolytes s'attaquent frontalement à la relique, mais de biais — notez le paradoxe. Soit avec une insolence certaine teintée de déconstruction, pour ne pas dire de désossage.

Où les brûlots des Pistols sont passés au chalumeau, fondus au cubilot jazz et remoulés sous des formes tenant de la défiguration grimaçante — sans que ne soit gâté la pureté de l'alliage punk. Une curiosité de plus à mettre à l'actif de Sarah Murcia, cette pierre philosophale à deux pattes et quatre cordes.

Sarah Murcia, Never Mind The Future
À l'Opéra Underground le samedi 8 février


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