Bruno Boëglin, l'occupant


Ouvrir le coffre Bruno Boëglin revient à opérer une embardée dans le passé pour éclairer ce qu'est le théâtre aujourd'hui, ce qu'il en reste, ce qui s'est effacé. Le metteur en scène et acteur, marqué à vie par la violence de la France post-coloniale via son père (chef lyonnais du réseau d'aide au FLN) fut notamment aux commandes dans les années 70 et 80 de feu le Théâtre de l'Eldorado, cours Gambetta. Il a ferraillé avec Georges Lavaudant (dont les spectacles tournent encore) ou Vincent Bady (rattaché aujourd'hui au NTH8), découvert Bernard-Marie Koltès.

Son Yvonne princesse de Bourgogne, son Septem dies,  inspiré des Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez sont des pierres marquantes de l'édifice de l'art théâtral. Peut-être parce que comme le dit Lavaudant « Bruno fait du théâtre comme on se fait du souci ». À près de 70 ans, cette figure tutélaire présente en février ses œuvres picturales en même temps qu'il lira sa pièce L'Occupant de l'enclos. Présentant Bachar El Assad ou Un jeune garçon essayant d'échapper à deux serpents, il peint l'effarement ou masque la terreur sous une tôle criblée de balles.

À chaque fois, il est question de stupeur, peut-être de tremblements, comme le dénote aussi sa revisitation du portrait d'Egon Schiele. Un livre rassemblant des témoignages de compagnons de route verra le jour à l'automne prochain lors d'une prochaine exposition à la MC2 de Grenoble dont il fut, au mitan des 80's, le directeur durant dix-huit mois.

Au Théâtre Mascarille (86 quai Pierre Scize, Lyon 5e) les jeudi 13 et vendredi 14 février à 19h30 ; entrée libre


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