Les marges de Joris Mathieu


Et si c'était l'une des plus belles promesses à nous faire : rester en marge, chercher les aspérités, fuir les autoroutes et prendre les contre-allées ? Dans sa création à venir, sans l'adapter ou ni même le transposer, Joris Mathieu s'inspire d'un roman fondateur de son adolescence, Le Loup des steppes de Hermann Hesse. Et fait avec ce bagage un pas de côté sur ses marqueurs artistiques : plus de textes, moins de filtres, même un « théâtre d'acteur » annonce-t-il dans son dossier de présentation.

Il signe mise en scène et récit de deux personnages dont la rencontre leur est vitale pour poursuivre leurs existences. Tout se joue autour d'un mur placé sur une tournette, de façon à ce que l'on en perçoive l'endroit et l'envers, un refuge et un lieu d'exposition. S'il n'y a rien de plus concret pour matérialiser une frontière et un dépassement à effectuer, c'est aussi le support de nos vies en ligne via Facebook.

Tout en étant toujours très au fait des urgences (climatiques, politiques, économiques) qui régissent notre monde et donc de fait très sombre (Hikikomori, Frères sorcières…), le directeur du TNG, en ne renonçant pas à « s'exposer à la noirceur » dit ici « prendre de la hauteur » et même en rire devant ce mur d'écrans ou via le monologue lorgnant vers le stand-up d'entame de spectacle.  Dans un exercice tout à fait différent de ce qu'il propose actuellement au Musée des Confluences dans le parcours sur les Prisons, il poursuit son travail d'exploration de l'humain, de ses tréfonds. Et continue à croire « au théâtre comme un espace de virtualité aussi crédible que les objets en VR ».

En marge
Au TNG Vaise du mardi 10 ou vendredi 20 mars


<< article précédent
Tressalia, ou l’ode au vivre-ensemble