Après Miss et James Bond, Pinocchio et La Daronne sont reportés

C'est le film à suspense dont les professionnels du cinéma (et le public) se passeraient bien. Malheureusement, il devrait connaître encore bien des rebondissements avant son dénouement…


 

Alors que la fréquentation dans les salles enregistre depuis le début 2020 des résultats calamiteux (-27% à Lyon  par rapport à 2019, à date), plombée par l'absence de film très porteur, le Covid-19 s'invite dans le jeu, menaçant franchement la diffusion aux deux bouts de la chaîne.

En amont, producteurs et distributeurs ont vite arbitré : craignant que leurs films (donc, leurs investissements) pâtissent d'une moindre exposition et “manquent leur public“ à cause de la pandémie, plusieurs d'entre eux ont préféré décaler leurs sortie. Premier à avoir agi le 3 mars, Warner Bros France pour le film Miss de Ruben Alves (initialement prévu le 11 mars, décalé au 23 septembre). Dans la foulée, on apprenait que Rocks de Sarah Gavron sortirait chez Haut et Court le 17 juin en lieu et place du 15 avril. Et puis le 4 mars, le block-buster mondial sur lequel comptaient toutes les salles pour se refaire une santé au printemps se décommandait à son tour : dans un communiqué laconique, MGM, Universal et les producteurs de Bond, annonçaient le 4 mars le report à novembre du nouveau 007, Mourir peut attendre. Tout pour éviter le fameux pic de contamination prévu entre mars et mai, aux incertitudes près.

La liste n'en finit plus de s'allonger. Le vendredi 6 mars, c'est Le Pacte qui décale deux de ses prochaines sorties très attendues : le très beau Pinocchio de Matteo Garrone (daté initialement le 18 mars) et le polar de Jean-Paul Salomé La Daronne (prévu au départ pour le 25 mars). Il serait illusoire de croire que ces annonces sont les dernières : d'autres mastodontes sont en train de réfléchir au repositionnement de leurs films pour l'automne, au risque de surcharger un calendrier habituellement lourd car saturé de films d'auteurs en provenance des festivals.

Cela ne ferait pas les affaires des exploitants, en attente d'entrées. Si la psychose (peu hitchcockienne) d'attraper le virus a de quoi vider les salles, le manque de films n'est pas leur seule préoccupation : déjà s'agitte le spectre d'une fermeture pure et simple. Le pire des scénarios, comme en Italie où 850 cinémas, soit 1 830 écrans et 45% du parc a été contraint de demeure porte close. En France les Préfectures du Morbihan et de l'Oise ont ainsi imposé deux semaines de fermetures aux salles à compter du 2 mars. Le 6 mars, ce sont les salles du Haut-Rhin qui sont à leur tour concernées.

Tout cela pourrait faire le jeu de Netflix ou de Disney+ qui, ironiquement, avait avancé la date de son lancement en Europe au 24 mars…

Et Cannes, d'ailleurs ?

Méthode Coué, foi en l'avenir ou totem d'immunité méditerranéenne, le Festival de Cannes (qui doit se tenir du 12 au 23 mai) a publié ce vendredi 6 mars, comme si de rien n'était, un communiqué annonçant la tenue de sa traditionnelle conférence de presse le 16 avril prochain. Alors que de nombreuses manifestations situées dans la période critique courant jusqu'au 31 mai tentent un report, Cannes se veut optimiste. Que sera, sera

[Edit samedi 7 mars à 16h]

Alors qu'aux États-Unis la Ville d'Austin a pris hier l'initiative d'annuler le festival SXSW (qui devait se tenir du 13 au 22 mars), les autorités françaises ont fait marche arrière ce jour en raccourcissant l'interdiction des rassemblements de plus de 5 000 personnes en milieu clos jusqu'à la mi-avril. Une décision qui, si elle peut rassurer les professionnels du divertissement, laisse songeur, puisque l'on parle de plus en plus d'un possible passage en phase 3 équivalant à davantage de restrictions.


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