Les Marquises, à battue rompue


Il y eut, en 2010, Lost Lost Lost, album du bout du monde posant les bases d'un groupe dont le nom était une carte – de visite, d'un monde musical (Les Marquises, archipel le plus éloigné de tout continent). L'auditeur le plus avisé peinait à planter un drapeau valant étiquette sur cette terra musica ingognita, Il y eut Pensée magique, plus farouche, tribal, frappant aux portes de la folie. Conquise par Les maîtres fous, l'île exhalait en retour sa nature sauvage.

Il y eut, plus sombre, A night full of collapses, (faux ?) airs lynchiens, d'aboutissement, nous entraînant dans un dédale d'invités (Matt Elliot, Christian Quermalet, Olivier Mellano, Jeff Halam). Ce goût du collectif (Jordan Geiger, empreinte vocale de Lost Lost Lost, Étienne jaumet, Nicolas Laureau, Benoît Burello au casting de Pensée magique), Jean-Sébastien Nouveau le balaie du revers de la main, rature le texte du dogme.

La Battue, ce serait lui et son compère Martin Duru, co-auteurs-compositeurs, le maître d'œuvre seul au chant. Toujours porté sur la sauvagerie du monde, qui se fait ici plus intime, « effondrement intérieur » toujours aussi soniquement inventif, flirtant même ici avec la techno (Head as a scree), là avec un folk étouffé façon Tindersticks (White Cliff). Même effondrée, caldeira prête à exploser, la musique des Marquises est toujours plus édifiante.

Les Marquises, La Battue (Les Disques Normal)


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"Traces du Vivant" ou la stature de l'ossature