Sensée être vécue à travers les yeux de la grande ado — comme en atteste le possessif au singulier du titre — l'histoire se diffracte un peu pour être vue également à travers les yeux de ses cadets et de sa mère. On perd en pure subjectivité, mais on gagne quelques contrepoints utiles pour composer, avec du recul, un tableau familial plus précis et assembler les pièces du tableau clinique de la maladie psychique de Jimmy. Bien sûr, l'élément végétal est abondant, fondateur, aussi enveloppant qu'inquiétant dans La Forêt de mon père, puisque c'est le territoire dans lequel cet “homme des bois“ évolue, au premier degré. Cette forêt est également mentale, un dédale à l'intérieur duquel il s'égare sans trouver de sortie, où il tente même d'aspirer les siens.
Il faut mettre au crédit de Vero Cratzborn sa volonté de traiter d'un trouble psychique et de l'internement sur un strict plan dramatique, sans verser dans le thriller — parti-pris suffisamment rare pour être souligné. En revanche, la romance cousue de fil blanc avec le voisin à moto bien serviable épuise par sa banalité. Dommage.
La Forêt de mon père
Un film de Vero Cratzborn (Bel-Fr-Sui, 1h31) avec Léonie Souchaud, Ludivine Sagnier, Alban Lenoir…