Papa anyways : "A Perfect Family" de Malou Leth Reymann

Mari et père aimant de deux adolescentes, Thomas est contraint de divorcer quand son épouse apprend qu'il mène une transition de genre, devenant Agnethe. Si leur aînée Caro réagit bien, la cadette Emma vit mal cette double révolution intime. Avec le temps, les choses évolueront…


Le glorieux été du cinéma danois se poursuit avec ce qui, il y a un siècle, serait passé pour un conte surréaliste à dormir debout mais devient aujourd'hui une histoire *presque* ordinaire, traitée comme sont traitées habituellement les histoires de séparations : de manière hyperréaliste, en montrant les incidences sur le couple et les enfants. Sauf qu'ici, originalité, l'un des parents se sépare en sus de son ancienne identité de genre. Il y a donc une “couche“ qui s'ajoute au brusque déséquilibre ressenti par Emma, accentué par son propre état de jeune adolescente, sensible non seulement aux ragots et médisances environnants (à cet âge, on aspire au conformisme, pas forcément à la singularité), sans doute décontenancée également de vivre sa puberté de jeune femme au moment où son père vit la sienne. Un cas d'école !

Malou Leth Reymann tournant à hauteur d'Emma, tout est montré sans ce terrifiant sirop du politiquement correct qui voudrait déjà faire croire à la banalité d'une telle situation. Une recombinaison familiale, quelle qu'elle soit, n'est jamais anodine : il aura ainsi fallu plusieurs générations pour qu'un divorce devienne monnaie courante aux yeux de la société. Voilà pourquoi suivre la démarche d'Emma et de Caro, progressive dans son acceptation, avec ses revirements, s'avère intéressant. La famille y devient ici une entité nouvelle, moins… euclidienne, disons que celles arborant des pulls roses et beuglant sa vérité sur l'orthodoxie de la parentèle. Et si celle-là n'elle n'est pas exempte de chagrins, elle ne manque en tout cas pas d'amour.

A Perfect Family
Un film de Malou Leth Reymann (Dan, 1h33) avec Mikkel Boe Folsgaard, Kaya Toft Loholt, Rigmor Ranthe…


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