Retour sur un bide

Retour sur un échec retentissant : la fermeture anticipée de la Cité de la Gastronomie, installée dans le Grand Hôtel-Dieu, qui n'aura jamais réussi à s'imposer lors de ses (très) courtes semaines d'existence.


Octobre 2019, au cœur de l'automne ouvre enfin cette Cité de la Gastronomie. D'emblée le directeur d'alors, Florent Bonnetain, se débat avec les critiques qui fusent sur le prix d'entrée — 12€ sans la dégustation, pour une visite qui se révèle express. Le contenu, prometteur sur papier glacé, se révèle décevant lors de la visite. Le public boude. Il fallait 40 000 visiteurs par mois pour que le lieu soit rentable, ce nombre sera atteint péniblement... cinq mois plus tard. Les premiers signes d'un échec bruissent dans la ville. C'est alors que surgit un virus venu de Chine, qui éteint la lumière partout sur son passage.

Celles de la Cité de la Gastronomie ne se rallumeront pas : début juillet, tombe un communiqué laconique du prestataire espagnol, Magma Cultura : « la Cité Internationale de la Gastronomie de Lyon (...) a subi les lourds impacts engendrés par la crise sanitaire du coronavirus que le Pays traverse depuis mars 2020Devant ces difficultés, face à l'incertitude de l'évolution économique et touristique, et malgré tous nos efforts pour la sauvegarder, nous avons pris la décision de ne pas rouvrir la Cité et d'arrêter définitivement son exploitation. » Le virus a bon dos.

Aux projets de GL Events et d'Operel, la Métropole avait préféré en juillet 2018 Magma Cultura et lui avait confié la délégation de service public, et la scénographie à l'agence anglaise Casson Man, qui avait réalisé celle de la Cité du Vin à Bordeaux. Rien n'a fonctionné. Reste à savoir ce que la suite nous réserve : le bâtiment a été entièrement refait, certaines pièces comme le piano de Bocuse trônent toujours dans la place. Mais tout est à réinventer. Par une nouvelle équipe : Bruno Bernard, désormais président de la Métropole, s'est exprimé à ce sujet chez nos confrères de L'Arrière-Cour, déclarant : « on restera probablement centrés sur la gastronomie et l'alimentation, en essayant — c'est mon intuition — d'aller plus vers l'alimentation. (...) Notamment toute l'alimentation bio, tous ceux qui travaillent autour de modèles de circuit court »  

Un discours de campagne électorale qui ne dit pas grand chose du projet possible, d'autant que M. Bernard n'a jusqu'ici pas brillé par ses propositions en matière de politique culturelle. Enfin, culture... Ni à la Métropole, ni à la Ville cette Cité ne semble devoir être pensée dans le champs culturel. Du côté de la mairie, c'est le conseiller municipal délégué à l'alimentation locale, Gautier Chapuis, qui est en charge du dossier — il n'a pas souhaité s'exprimer. On peut aussi rester dubitatif face à l'autre information donnée par M. Bernard à L'Arrière-Cour : constituer un jury citoyen tiré au sort pour travailler sur ce dossier complexe... 


<< article précédent
Extinction Rebellion : les trottinettes en ligne de mire